Gaby
2019-02-08 12:18:11 UTC
Juan Guaido, nouveau Frankenstein politique crée par la Maison Blanche,
est un produit médiatique qui se vend surtout à l’extérieur du pays. Un
peu comme nos mauvais vins.
Caracas. 7 heures du matin. Le soleil se pose sur les montagnes de
l’Avila entourant la ville, qui commence à fourmiller. Des files de
personnes descendent la colline où se perche le barrio El Manicomio
pour rejoindre l’avenue Sucre, l’artère principale qui se faufile entre
les quartiers populaires de l’Ouest de la Capitale. Des dizaines
d’enfants en uniforme scolaire, certains cavalant d’autres aux mains de
leurs mamans prennent le chemin de l’école. Je pense à ma fille qui
elle, en raison d’un conflit social en France, restera à la maison.
A quelques encablures de là, des militaires en armes boivent un café au
check point qui mène à Miraflores, le Palais Présidentiel. L’image de
Caracas respirant la normalité contraste brutalement avec celle que
l’on peut avoir d’un pays menacé d’intervention militaire par
l’administration Trump.
Une vie quotidienne à mille lieux des annonces de la « révolution
vénézuélienne » qui commence à s’imposer dans nos médias.
Obs
Juan Guaido, nouveau Frankenstein politique crée par la Maison Blanche,
est un produit médiatique qui se vend surtout à l’extérieur du pays. Un
peu comme nos mauvais vins, ou les médicaments anti-paludisme produits
par Sanofi. Ça n’a aucun intérêt pour la population locale. La majorité
des vénézuéliens ne semblent pas vouloir consommer ce produit. Croisé
par hasard, Alejandro, un jeune boxeur vénézuélien opposant à la
Révolution Bolivarienne me confiera : « J’aime pas Maduro, il est nul,
mais vraiment nul. Mais aujourd’hui, on a le choix entre ça et
retourner à l’esclavage. Il n’y a pas de sortie ». Alejandro résume
assez bien le point de vue d’une partie de l’opposition. Malgré
l’intransigeance de Guaido, la guerre civile n’est pas une option.
La mayonnaise putschiste ne prend pas au pays. Peu importe, elle est un
rouage essentiel dans la story-telling occidentale pour justifier un
renversement de régime. Un cynisme absolu, imposé par les États-Unis,
et récemment validé par le président Macron.
Plus occupé à résoudre un quotidien affecté par un infâme blocus
économique, les habitants de la Capitale ne semblent guère prêter
attention aux gesticulations des députés de l’opposition, réunis ce
mardi 5 février en session plénière. Sur la place Bolivar, situés à
cent mètres, un spectacle de break dance capte l’attention de plusieurs
centaines de personnes.
Le Capitole est un symbole de la confrontation des pouvoirs et des
tensions de la vie politique vénézuélienne. Passé l’entrée principale,
les députés à l’Assemblée Nationale rejoignent l’hémicycle, situé sur
leur gauche. Les députés à l’Assemblée Nationale Constituante eux
prennent la direction opposée, vers le salón Elíptico, siège de
l’ancien sénat. Les deux salles se font face, comme pour ancrer
symboliquement le conflit de pouvoirs et de légitimité. Les députés des
deux assemblées se croisent à l’entrée, ne se saluent pas, se défient.
« C’est assez symbolique en effet, nous dit Tania Diaz, vice-présidente
de l’Assemblée Constituante. La seule chose qui ne l’est pas, c’est
que, passé l’entrée, nous devons aller à droite, et eux à gauche »,
ajoute-t-elle en riant.
Une situation certes inédite, dans l’histoire de cette République, mais
qui balaie les accusations d’État failli, de « dictature totalitaire »,
ainsi que tous les éléments de langage mis en place par Washington et
repris à l’unisson par le système médiatique.
Ce mardi, l’opposition a retouché et voté sa loi sur la Transition pour
tenter de masquer sous un vernis officiel la construction de leur
para-Etat. Étrangement, aucune personnalité politique ni aucun média ne
relève que cette « loi sur la Transition » autorise l’Assemblée
Nationale à s’arroger illégalement tous les pouvoirs de la République
Bolivarienne du Venezuela. Comment appelleriez vous ca ? Un coup d’Etat
? Dans la novlangue trumpienne, désormais parlée dans l’Union
européenne, on considère ça comme « une transition démocratique ». Et
qu’importe le Peuple.
Le pouvoir de Guaido va donc nommer un Pouvoir électoral parallèle dans
le but d’organiser un simulacre d’élection. Ce scénario aurait plus de
succès sur Netflix, mais là encore il est nécessaire pour imposer leur
légitimité dans l’opinion publique internationale. Soit les politiciens
d’opposition réalisent une élection sans aucun contrôle, et
médiatiquement ils pourront légitimer un pouvoir fantoche dans
l’opinion publique internationale, soit ils poussent Nicolas Maduro à
interdire un scrutin illégal et truqué d’avance, et l’image du
président sera dégradée à l’étranger. Pile ou face, tu gagnes.
Notons au passage, que le « chavisme critique » soutient cette
tentative de coup d’Etat institutionnel. Ce mouvement politique est un
regroupement d’universitaires dont les voix sont abondamment relayées
par leurs pairs européens malgré leur manque absolu de responsabilités
politiques et de légitimité démocratique. Lorsqu’ils décident de
soutenir électoralement un candidat, celui-ci peine à arriver à 0,5%
des voix.
Le 5 février, les représentants les plus éminents de l’extrême gauche
intellectuelle vénézuélienne ont rencontré Guaido pour ne pas être
exclus de la partie si jamais le coup d’Etat réussissait. Cette réunion
met un terme définitif à la fable d’un « chavisme critique », censé
représenter un courant politique indépendant. Imagine-t-on un «
gaullisme critique » négocier avec Pétain leur participation au régime
de Vichy ? Cette « troisième voie » imaginaire tant promue hors du pays
(encore une fois) a désormais choisi son coté de la tranchée. Le slogan
« Ni Maduro Ni Guaido », scandés par leurs réseaux internationaux vient
de voler en éclats. Il serait donc judicieux que les soutiens étrangers
de ce courant de l’opposition adoptent la position de leurs mentors
vénézuéliens et s’alignent ouvertement sur les positions de Trump, de
Bolsonaro, d’Uribe, de Macron.
trotsko guaido
Edgardo Lander, Gonzalo Gomez, Santiago Arconada, Nicmer Evans, OIy
Millan, Hector Navarro se réunissent avec Guaido
Comme la marque Guaido n’arrive pas à s’imposer dans le marché
politique vénézuélien, l’opposition prépare une nouvelle action
destinée à ternir l’image du président Maduro au niveau international.
La demande d’aide humanitaire est un leurre. Les 20 millions de dollars
promis par Trump pour résoudre les problèmes des vénézuéliens est une
faible aumône. Cette somme représente l’équivalent de 800.000 caisses
de nourritures CLAP. En comparaison, le gouvernement bolivarien en
achète 6 millions par mois. Et ces miettes ne sont rien en comparaison
des 23 milliards de dollars de pertes économiques dues aux sanctions
financières et au blocus.
Encore une fois, il s’agit d’une opération politique visant à
décrédibiliser Nicolas Maduro au niveau international. Soit le
président autorise le passage de convois et assume la violation de la
souveraineté territoriale depuis la Colombie, soit il refuse et les
médias ne manquerons pas de dénoncer l’infâme Maduro, affamant son
peuple. Répétons le encore une fois : les pays qui feignent de se
préoccuper du sort des vénézuéliens ferait bien de lever le blocus qui
les martyrise.
Face à ce scénario, la grande inconnue reste la patience de l’Oncle
Sam. Quelle sera la prochaine étape lorsque ils admettront que le
médiatique Guaido ne parviendra pas à s’imposer sur la scène nationale
?
Source : Le blog de Romain Migus
https://www.romainmigus.info/2019/02/en-direct-du-venezuela-la-mayonnaise.html
http://tinyurl.com/y842scrg
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est un produit médiatique qui se vend surtout à l’extérieur du pays. Un
peu comme nos mauvais vins.
Caracas. 7 heures du matin. Le soleil se pose sur les montagnes de
l’Avila entourant la ville, qui commence à fourmiller. Des files de
personnes descendent la colline où se perche le barrio El Manicomio
pour rejoindre l’avenue Sucre, l’artère principale qui se faufile entre
les quartiers populaires de l’Ouest de la Capitale. Des dizaines
d’enfants en uniforme scolaire, certains cavalant d’autres aux mains de
leurs mamans prennent le chemin de l’école. Je pense à ma fille qui
elle, en raison d’un conflit social en France, restera à la maison.
A quelques encablures de là, des militaires en armes boivent un café au
check point qui mène à Miraflores, le Palais Présidentiel. L’image de
Caracas respirant la normalité contraste brutalement avec celle que
l’on peut avoir d’un pays menacé d’intervention militaire par
l’administration Trump.
Une vie quotidienne à mille lieux des annonces de la « révolution
vénézuélienne » qui commence à s’imposer dans nos médias.
Obs
Juan Guaido, nouveau Frankenstein politique crée par la Maison Blanche,
est un produit médiatique qui se vend surtout à l’extérieur du pays. Un
peu comme nos mauvais vins, ou les médicaments anti-paludisme produits
par Sanofi. Ça n’a aucun intérêt pour la population locale. La majorité
des vénézuéliens ne semblent pas vouloir consommer ce produit. Croisé
par hasard, Alejandro, un jeune boxeur vénézuélien opposant à la
Révolution Bolivarienne me confiera : « J’aime pas Maduro, il est nul,
mais vraiment nul. Mais aujourd’hui, on a le choix entre ça et
retourner à l’esclavage. Il n’y a pas de sortie ». Alejandro résume
assez bien le point de vue d’une partie de l’opposition. Malgré
l’intransigeance de Guaido, la guerre civile n’est pas une option.
La mayonnaise putschiste ne prend pas au pays. Peu importe, elle est un
rouage essentiel dans la story-telling occidentale pour justifier un
renversement de régime. Un cynisme absolu, imposé par les États-Unis,
et récemment validé par le président Macron.
Plus occupé à résoudre un quotidien affecté par un infâme blocus
économique, les habitants de la Capitale ne semblent guère prêter
attention aux gesticulations des députés de l’opposition, réunis ce
mardi 5 février en session plénière. Sur la place Bolivar, situés à
cent mètres, un spectacle de break dance capte l’attention de plusieurs
centaines de personnes.
Le Capitole est un symbole de la confrontation des pouvoirs et des
tensions de la vie politique vénézuélienne. Passé l’entrée principale,
les députés à l’Assemblée Nationale rejoignent l’hémicycle, situé sur
leur gauche. Les députés à l’Assemblée Nationale Constituante eux
prennent la direction opposée, vers le salón Elíptico, siège de
l’ancien sénat. Les deux salles se font face, comme pour ancrer
symboliquement le conflit de pouvoirs et de légitimité. Les députés des
deux assemblées se croisent à l’entrée, ne se saluent pas, se défient.
« C’est assez symbolique en effet, nous dit Tania Diaz, vice-présidente
de l’Assemblée Constituante. La seule chose qui ne l’est pas, c’est
que, passé l’entrée, nous devons aller à droite, et eux à gauche »,
ajoute-t-elle en riant.
Une situation certes inédite, dans l’histoire de cette République, mais
qui balaie les accusations d’État failli, de « dictature totalitaire »,
ainsi que tous les éléments de langage mis en place par Washington et
repris à l’unisson par le système médiatique.
Ce mardi, l’opposition a retouché et voté sa loi sur la Transition pour
tenter de masquer sous un vernis officiel la construction de leur
para-Etat. Étrangement, aucune personnalité politique ni aucun média ne
relève que cette « loi sur la Transition » autorise l’Assemblée
Nationale à s’arroger illégalement tous les pouvoirs de la République
Bolivarienne du Venezuela. Comment appelleriez vous ca ? Un coup d’Etat
? Dans la novlangue trumpienne, désormais parlée dans l’Union
européenne, on considère ça comme « une transition démocratique ». Et
qu’importe le Peuple.
Le pouvoir de Guaido va donc nommer un Pouvoir électoral parallèle dans
le but d’organiser un simulacre d’élection. Ce scénario aurait plus de
succès sur Netflix, mais là encore il est nécessaire pour imposer leur
légitimité dans l’opinion publique internationale. Soit les politiciens
d’opposition réalisent une élection sans aucun contrôle, et
médiatiquement ils pourront légitimer un pouvoir fantoche dans
l’opinion publique internationale, soit ils poussent Nicolas Maduro à
interdire un scrutin illégal et truqué d’avance, et l’image du
président sera dégradée à l’étranger. Pile ou face, tu gagnes.
Notons au passage, que le « chavisme critique » soutient cette
tentative de coup d’Etat institutionnel. Ce mouvement politique est un
regroupement d’universitaires dont les voix sont abondamment relayées
par leurs pairs européens malgré leur manque absolu de responsabilités
politiques et de légitimité démocratique. Lorsqu’ils décident de
soutenir électoralement un candidat, celui-ci peine à arriver à 0,5%
des voix.
Le 5 février, les représentants les plus éminents de l’extrême gauche
intellectuelle vénézuélienne ont rencontré Guaido pour ne pas être
exclus de la partie si jamais le coup d’Etat réussissait. Cette réunion
met un terme définitif à la fable d’un « chavisme critique », censé
représenter un courant politique indépendant. Imagine-t-on un «
gaullisme critique » négocier avec Pétain leur participation au régime
de Vichy ? Cette « troisième voie » imaginaire tant promue hors du pays
(encore une fois) a désormais choisi son coté de la tranchée. Le slogan
« Ni Maduro Ni Guaido », scandés par leurs réseaux internationaux vient
de voler en éclats. Il serait donc judicieux que les soutiens étrangers
de ce courant de l’opposition adoptent la position de leurs mentors
vénézuéliens et s’alignent ouvertement sur les positions de Trump, de
Bolsonaro, d’Uribe, de Macron.
trotsko guaido
Edgardo Lander, Gonzalo Gomez, Santiago Arconada, Nicmer Evans, OIy
Millan, Hector Navarro se réunissent avec Guaido
Comme la marque Guaido n’arrive pas à s’imposer dans le marché
politique vénézuélien, l’opposition prépare une nouvelle action
destinée à ternir l’image du président Maduro au niveau international.
La demande d’aide humanitaire est un leurre. Les 20 millions de dollars
promis par Trump pour résoudre les problèmes des vénézuéliens est une
faible aumône. Cette somme représente l’équivalent de 800.000 caisses
de nourritures CLAP. En comparaison, le gouvernement bolivarien en
achète 6 millions par mois. Et ces miettes ne sont rien en comparaison
des 23 milliards de dollars de pertes économiques dues aux sanctions
financières et au blocus.
Encore une fois, il s’agit d’une opération politique visant à
décrédibiliser Nicolas Maduro au niveau international. Soit le
président autorise le passage de convois et assume la violation de la
souveraineté territoriale depuis la Colombie, soit il refuse et les
médias ne manquerons pas de dénoncer l’infâme Maduro, affamant son
peuple. Répétons le encore une fois : les pays qui feignent de se
préoccuper du sort des vénézuéliens ferait bien de lever le blocus qui
les martyrise.
Face à ce scénario, la grande inconnue reste la patience de l’Oncle
Sam. Quelle sera la prochaine étape lorsque ils admettront que le
médiatique Guaido ne parviendra pas à s’imposer sur la scène nationale
?
Source : Le blog de Romain Migus
https://www.romainmigus.info/2019/02/en-direct-du-venezuela-la-mayonnaise.html
http://tinyurl.com/y842scrg
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