la balade des gens heureux
2008-08-19 18:03:00 UTC
Voici donc le " Front Populaire " installé au pouvoir à Paris... Bien sûr,
pour le bonheur du peuple... puisque... on le dit... on le clame... " ce
sont les ouvriers qui sont au pouvoir ! ".
Certaines mesures sociales prises déclenchèrent l'enthousiasme des foules,
les congés payés et les quarante heures, entre autres.
Ces lois étaient en partie nécessaires, mais fallait-il les prendre juste à
cette époque où la guerre s'amorçait, où l'Allemagne, sous la férule
d'Hitler, se réarmait de façon colossale, où Staline et son Komintern
semaient dans le monde entier la terreur ?
Mon grand-père avait alors un peu plus de sept ans, son père travaillait
chez Hachette, société qui sera nationalisée à la Libération et qui avait le
monopole de la distribution de la presse. Il se souvient des occupations
d'usine, des soupes populaires, des ripailles prolétariennes, où chacun
amenait " quelque chose " pour manger en commun et, surtout, pour boire et
et danser tard le soir, au son de l'accordéon.
Il voyait dans la journée, sur le boulevard Voltaire où il habitait alors,
dans une rue ouvrière, la rue des Boulets, les immenses cortèges des
" forces antifascistes " pour soutenir la " Liberté en Espagne ". Des foules
immenses, sur lesquelles ne flottaient que des drapeaux rouges... des
bannières rouges... des calicots rouges... et des banderoles, par dizaines,
par centaines certains jours !
" Le pain, la paix, la liberté, pour la France ! " mais aussi, " pour
l'Espagne !", " pour tous les travailleurs du monde !".
Et l'Internationale... Pendant des heures... Pendant des après-midi
entiers... chantée, hurlée, jouée avec un tas d'instruments, parfois des
orchestres improvisés sur des camions, ou des fanfares ouvrières, foulard
rouge autour du cou... Et parfois, devant, très souvent même des
" héros "... des " héros de la guerre d'Espagne "... Parfois des blessés
dans des charettes... " Qui c'est celui-là, demandaient des badauds.
C'est un combattant des Brigades internationales... blessé en défendant
Madrid... contre les fascistes ! "...
L'Espagne, les Brigades , les " fascistes ", les " Républicains " , la
classe ouvrière... Le grand Staline... L'affreux Hitler... " Franco,
l'ordure "... la guerre impérialiste... Mon grand-père se rappelle de tout
cela, mais ce qui l'a le plus marqué, c'est la haine, aussitôt les slogans
politiques criés, dès que les rires avaient fusé et que la joie avait
éclatée, c'était comme une hystérie collective qui demandait des châtiments
ou la mort pour tel ou tel salaud... telle ou telle ordure... " Avec
Staline, on aura leur peau à tous ces vendus au capitalisme " ; " A mort les
patrons " ; " Mort aux deux cent familles " ;
" Demain viendra le grand soir ". Et tout cela, durant des heures !
C'est qu'en Espagne, une guerre civile atroce se déroulait et la radio,
invention qui arrivait peu à peu dans les foyers, décuplait les nouvelles
sans, bien sûr, expliquer objectivement la genèse du drame.
Depuis 1920, dans ce pays rude, à la population frondeuse par tradition, les
socialistes tenaient politiquement une place non négligeable, mais malgré le
fait que le pays soit un royaume, c'est une dictature " molle ", celle de
Primo de Rivera, qui depuis 1923 gouvernait tant bien que mal ce conglomérat
de provinces, toutes tentées par une autonomie de plus en plus large... à
tendance indépendantiste.
En 1931, lors d'élections libres, le roi qui veut se débarrasser du pouvoir
illégitime en place, pense qu'il peut influer favorablement sur le vote pour
faire triompher les monarchistes. Malheureusement pour lui, ce sont, dans
les villes, les républicains qui l'emportent. Alphonse XIII est contraint à
l'exil et la République est proclamée.
Mais l'Espagne est vraiment un pays compliqué. Au cours de nouvelles
élections, en 1933, c'est, cette fois-ci, la droite qui l'emporte... Coup de
barre à gauche... Coup de barre à droite... le pays va à vau-l"eau, mais
avec de plus en plus de révoltes, de récriminations, de manifestations
violentes.
En octobre 1934, des grèves insurrectionnelles se déclenchent dans les
Asturies, et les meneurs, souvent têtes brûlées, ou agents politiques aux
ordres, en font tant et tant que l'armée, sur ordre officiel du pouvoir
légal républicain, mate la révolte dans un bain de sang.
C'est alors le grand rassemblement de toutes les forces de gauche, comme en
France, qui en 1934, créent le Front populaire. Cette coalition hétérogène
rassemblant, comme en France, tous ceux qui luttent contre les adversaires
de la Révolution, obtient une courte majorité aux élections de février 1936.
En fait, les partis de gauche ou de droite avaient obtenu un nombre de voix
sensiblement égal. Mais les révolutionnaires, incapables de s'entendre, sauf
contre le pouvoir légal, forcèrent le mouvement... déclenchèrent partout des
grèves violentes... très violentes, et enclenchèrent un processus de prise
de pouvoir immédiat, que le gouvernement républicain ne put ou ne voulut
enrayer. Pour les partis de droite qui représentaient presque exactement la
moitié de l'électorat, il n'y avait aucune alternative. Ou ils se
rebellaient, ou ils disparaissaient, non seulement politiquement, mais aussi
physiquement.
Au début de son mandat, Francino-Largo Caballero, le leader socialiste qui
prit le pouvoir, passait pour un modéré qui pourrait assurer sans graves
problèmes la transition entre la monarchie et la république. Mais c'était
sans compter avec tous les mouvements de gauche, d'extrême-gauche et
anarchistes qui, eux, ne rêvaient que d'une chose : La Révolution.
Pourtant, il tenta bien de lancer des avertissements disant aux plus
extrémistes que leurs provocations amèneraient l'armée à prendre des
positions draconiennes. Il condamna fermement les grèves politiques, menées
en sous-main par les communistes pourtant fortement minoritaires. Ceux-ci,
néanmoins, aidés par le anarchistes qu'ils vomissaient, réussirent à mettre
des hommes à eux dans tous les rouages de l'Etat et de l'administration...
C'était l'entrisme à l'oeuvre sur les conseils des hommes du Komintern.
Ce fut donc l'effondrement de la légalité républicaine, dès l'instant où les
extrémistes socialistes du PSOE (Parti social ouvrier espagnol), le
principal parti de gauche, lâchèrent Caballero, allant même jusqu'à s'allier
aux nationalistes catalans " d'Esquerra Catalana ".
Quoi que veuillent bien raconter les " historiens d'opérette " ou des hommes
vendus à Moscou, la guerre d'Espagne ne fut pas une guerre civile entre
démocrates et fascistes. Répétons encore que pendant toute la durée de la
République, ceux qui deviendront les Nationalistes ont été modérés et
légalistes.
En fait, on peut dire et écrire qu'au moment du drame affreux que devint
cette guerre civile, il y avait d'un côté l'Espagne catholique, par essence
non fasciste, et de l'autre côté, les révolutionnaires qui ne voulaient que
la révolution, mais qui se battaient déjà pour savoir quel modèle il fallait
prendre, le communiste ou l'anarchiste. Tous les observateurs neutres et
impartiaux, et ils étaient peu nombreux, savaient très bien que la guerre
fratricide était déjà là et que le premier round avait été les deux semaines
de tueries de 1934, où les morts s'étaient comptés par milliers dans la
moitié des provinces du pays.
La gauche, la première, rompit donc avec la démocratie. Elle fut écrasée. A
ce moment-là, des gens sérieux auraient pu s'apercevoir que la méthode
n'était pas la bonne. Bien au contraire, ils ne pensèrent qu'à la revanche,
et enclenchèrent à nouveau un vaste processus révolutionnaire.
Il existait pourtant en Espagne un grand mouvement avec un vrai chef. Il
s'agit de José Maria Gil-Robles. Son parti, la CEDA (Confédération espagnole
des droites autonomes), était un mouvement de masse, mais bien que
Gil-Robles fut donné pour bon républicain, il était... haï par les...
monarchistes... vomi par les ... fascistes... et juste bon à jeter aux
chiens pour les... socialistes.
Pourtant la propagande anti-gauche et les mises en garde qu'il ne cessa de
distribuer, furent pour beaucoup dans la prise de conscience des
antirépublicains, quant au devenir du pays, si ces derniers l'emportaient.
Malheureusement, la suite des événements prouva que sur beaucoup de points
Gil-Robles avait raison. Bien souvent, les événements dramatiques dus aux
" révolutionnaires " furent pires que ce qu'il avait annoncé.
Bien vite, les premières églises brûlèrent, les terres furent confisquées.
Au parlement, la gauche qui avait obtenu moins de cinquante pour cent des
suffrages, ne voulut même pas attendre le résultat final. Elle attaqua de
façon ordurière le Président Alcala-Zamora, vrai républicain, parfaitement
honorable.
Poussant à la crise, elle tenta d'interdire au député élu de la CEDA,
Gil-Robles, de sièger.
Le communistes qui n'avaient pourtant eu que dix-sept députés menaient le
bal, avec comme leader, la fameuse pasionaria, Dolores Ibarruri, qui
prétendait, et s'en vantait chaque jour, avoir égorgé un prêtre avec ses
dents (rien que du beau monde !).
Déjà dans les coulisses, les agents de Staline n'hésitaient plus à se
montrer... C'est l'un d'eux qui obtint de Santiago Carrillo, dirigeant des
Jeunesses socialistes, qu'il ordonne la fusion de son mouvement avec celui
des Jeunesses communistes. Les échauffourées devenaient quotidiennes et de
plus en plus violentes.
Le 17 juin 1936, aux Cortes, le Parlement espagnol, Calvo Sotelo énonça tous
les crimes commis par les républicains. De la tribune de l'Assemblée, avec
courage, Gil-Robles mit le pouvoir devant ses responsabilités : " La moitié
de la nation ne se resignera pas à mourir. Si elle ne peut se défendre par
une voie, elle choisira l'autre... Ceux qui recherchent la conquête
révolutionnaire du pouvoir apportent la guerre civile... Les armes ont été
livrées par... un gouvernement qui n'a pas été capable de faire son devoir
vis-à-vis de groupements politiques demeurés dans la plus stricte
légalité ".
Dolorès Ibarruri se leva et cria : " Cet homme vient de parler pour la
dernière fois ".
Le 12 juillet 1936, Calvo Sotello est arrêté par les gardes d'assaut et
emmené vers une destination inconnue. Et le 13 juillet 1936, son cadavre est
retrouvé dans la morgue d'un cimetière.
Mais déjà, le gouvernement du Front populaire ne tenait plus rien et
surtout, il ne contrôlait plus ses propres militants qui, de plus en plus
nombreux, étaient armés et semaient la terreur dans de nombreuses villes.
Quant aux campagnes, les anarchistes formaient des bandes armées paysannes,
qui semaient le désordre et la terreur, surtout en Estramadure et en
Andalousie, allant jusqu'à mettre le feu aux récoltes.
Bien sûr, les groupements de droite ne restaient pas inactifs face à de
telles provocations, souvent meurtrières.
Le Front populaire renvoya une partie de l'armée dans ses foyers, consigna
la garde civile dans ses cantonnements et forma une nouvelle force de police
" républicaine ", la Garde d'assaut. Cette dernière, très souvent se joignit
aux émeutes. Dès ce moment, cent soixante églises avaient déjà brûlé, près
de trois cent assassinats politiques étaient dénombrés, et des grèves
insurrectionnelles éclataient dans tout le pays.
La guerre, la vraie, débuta donc le 13 juillet 1936, à la suite de
l'assassinat du leader monarchiste, Calvo Sotelo. Gil-Robles s'exila en
France.
Dans le nord, renforcé par 6 000 Requetes (monarchistes anti-Alphonse XIII),
le général Mola contrôle la Navarre et la Galice. Peu de temps après, les
nationalistes s'emparent de Burgos, Valladolid, Saragosse, Segovie... Outre
Madrid, la Catalogne et le Pays basque, le gouvernement républicain garde la
main sur une partie de l'Andalousie, la côte orientale (de la frontière
française à Almeria), Malaga, Jaen, Huelva, Tolède où l'Alcazar résiste
encore.
C'est le général Sanjurjo qui est censé diriger le soulèvement de l'armée,
mais il meurt le 22 juillet dans un accident d'avion qui l'emmenait du
Portugal en Espagne. Le général Goded ayant été fusillé, c'est le général
Franco qui prend le commandement du Pronunciamiento préparé depuis le Maroc
espagnol.
Franco installe son PC à Burgos et compte ses troupes... Il a avec lui, sur
le papier, la plus grande partie de l'armée régulière, la Légion étrangère
(la Bandera) et des unités marocaines appartenant aux troupes coloniales
espagnoles. Il a en plus les milliers de volontaires de la Phalange et des
Requetes. Mais les armes restent rares et les soldats de métier font
cruellement défaut.
Il déclare alors, parlant de ses adversaires : " Les principaux fronts sont
constitués par le socialisme, le communisme et les anarchistes, dont le but
est de saper la civilisation et de la faire basculer dans la barbarie ".
Mais le putsch était loin d'avoir réussi partout. Cinq des six plus grandes
villes espagnoles étaient restées aux mains des républicains.
La Marine avait été neutralisée par des meneurs marxistes, qui n'hésitèrent
pas à abattre leurs officiers et manoeuvrèrent les bâtiments de telle sorte
qu'ils interdirent aux nationalistes le passage du détroit de Gibraltar, par
lequel Franco comptait faire venir les forces qui lui étaient loyales au
Maroc.
C'est pourquoi il s'empressa de demander des avions de transport à Mussolini
et à Hitler.
En France, malgré la sympathie affichée par le Front populaire pour les
républicains, Blum proposa en août 1936 que les nations signent un accord de
non-intervention. Ce projet fut accepté et signé par vingt-cinq pays, dont
l'Allemagne et l'Italie.
Pourtant, dans le même temps où les avions italiens et allemands arrivaient
en Espagne, du côté des nationalistes... des chars russes faisaient leur
entrée dans Madrid, toujours aux mains des républicains, et des avions
français faisaient leur apparition sur le front, renforçant considérablement
l'aviation républicaine. Le 5 août 1936, avec quelques petits avions de
circonstance, Franco a déjà pu acheminer 2 837 hommes en Espagne. Dans la
première semaine d'août, il dispose de 9 Savoia-Marchetti SM 81
italiens et 15 Ju-52 allemands. À la fin du mois d'août, la moitié de
l'Armée d'Afrique et des tonnes de matériels sont à pied d'oeuvre.
Les républicains se sont naturellement tournés vers la France du Front
populaire et l'URSS. Cette dernière a envoyé à Azana des " conseillers "
triés sur le volet : Bondarenko, Rosenberg, Winter. Les "milices populaires"
socialistes, trotskistes, communistes, anarchistes, s'organisent.
À Barcelone, le Consul d'URSS, Antonov Avsceko, fait la distribution
d'armes... Elles seront vite testées en fusillant 7 000 prêtres catholiques.
Le gouvernement de Mexico, acquis aux idéaux maçonniques, envoie 20 millions
de cartouches pour fusils. La France qui, officiellement, se tient à l'écart
de tout cela, fournit elle aussi des armes : fusils Lebel, mitrailleuses
Hotchkiss, canons de 75 et des avions :
- 50 Potez-54,
- 35 Bloch MB 210,
- 20 Bloch MB 200,
- 54 Dewoitine D-27,
- 16 Dewoitine 510,
- 27 Spad,
- 20 Loire 46, etc.
Au total : 222 appareils !
Durant toute la guerre, la France devait fournir clandestinement des
armements de toutes sortes... la contrebande étant, sur ordre de Paris,
organisée par nos douaniers. Britanniques et Tchécoslovaques participent
aussi à l'armement des républicains. Bientôt arrivent des appareils
soviétiques (975 chasseurs Polikarpov I-15 et I-16, plus de 200 bombardiers
de tous types), des blindés lourds et légers, etc.
Tout prouve aujourd'hui que, si le putsch militaire n'avait pas eu lieu, la
guerre civile aurait quand même éclaté, car les partis de gauche ne
pensaient qu'à s'entretuer... ce qu'ils firent " joyeusement " pendant des
mois.
Franco fut le général qui tarda le plus à prendre position contre le pouvoir
socialiste.
Chaque fois que l'Etat espagnol le lui a ordonné, il a défendu la
République, tout comme d'ailleurs les mouvements politiques de droite.
Franco et une partie de l'armée n'avaient aucune sympathie pour la
République mise en place et qui était férocement anticléricale, mais ils ont
longtemps défendu la légalité républicaine.
Il ressort aujourd'hui que les archives sont disponibles et peuvent être
compulsées... que le plus grand drame de cette guerre fut celui du POUM que
les communistes, et Staline le tout premier, considéraient comme leur
principal ennemi.
Dès le printemps 1937 à Barcelone, d'incroyables combats les opposèrent aux
communistes. Les deux camps, pourtant en guerre contre un ennemi commun,
possèdaient leurs milices privées, leurs police secrètes, leurs équipes de
tueurs !
Ils ne sont pas là, ils le disent, ils le clament, ils l'écrivent... pour
défendre le gouvernement, fut-il du Front populaire. Leur combat et leur
idéal... la collectivisation des terres, l'autogestion des entreprises et
les
expropriations.
De toute l'Europe et du monde, tous les anars les rejoignent. Ils sont une
force, mais une force " bordélique ", ils aiment les petits groupes. Ils
sont combattants contre le fascisme et pour la révolution sociale, mais...
ils ne sont pas des soldats ! La discipline, ce n'est pas pour eux. L'ordre
serré, ils " s'en tapent ". La guerre... après. D'abord et tout de suite...
la Révolution !
Mais l'URSS et le petit père des peuples ne veulent plus de ces bandes...
c'est le cas de le dire, anarchiques. Staline donne ordre de démanteler les
milices du POUM. Dans le même temps, dans le gouvernement républicain, les
communistes prennent le contrôle du ministère de l'Intérieur et de tous les
postes clés de la police. C'est le début du grand règlement de comptes.
Le 14 juin 1937, Orlov, chef du NKVD en Espagne, sur ordre exprès de
Staline, exige l'arrestation de tous les chefs du POUM. Des centaines de
militants accusés de " trotskisme et d'anarchisme " (sic), sont emprisonnés,
torturés, assassinés.
Une date est fixée : le 30 juin 1937, tous les volontaires étrangers doivent
avoir rejoint les Brigades internationales.
Nin Andrev, fondateur et dirigeant du POUM est arrêté sur ordre de Staline.
Il meurt sous la torture, écorché vif.
Dès 1937, la plupart des éléments " militaro-révolutionnaires " qui
composaient le camp républicain étaient à couteaux tirés, et les choses ne
s'amélioraient pas avec l'arrivée des Birgades internationales.
En novembre 1936, il est vrai, elles avaient durement combattu pour
conserver Madrid aux républicains, mais par la suite, elles
s'entredétruisirent dans la mesure où Staline voulut en faire l'armée du
Komintern et envoya en Espagne des hommes à lui, n'obéissant qu'à lui ! Tous
les spécialistes reconnaissent que sans leur intervention, Franco aurait
gagné la guerre en six mois.
Mais voici qu'arrive en Espagne l'homme dont le nom sera le plus souvent
cité, dès que l'on parlera de purges staliniennes, d'épurations, de tueries
et qui deviendra le " Boucher d'Albacete ", cet homme, c'est André Marty.
Il est né le 6 novembre 1886 à Perpignan, et mort le 23 novembre 1956 à
Toulouse. C'était un homme politique français, dirigeant du Parti communiste
français, exclu en 1952. Il a également été député, de 1924 à 1955, avec
quelques interruptions, et secrétaire de l'Internationale communiste de 1935
à 1943.
Né d'un père négociant en vins, qui avait participé à la commune de Narbonne
et professait des opinions libertaires, André Marty échoue au concours
d'entrée à l'Ecole Navale et apprend le métier de chaudronnier sur cuivre.
Il s'engage dans la Marine nationale et devient finalement ingénieur
mécanicien en 1917 (à 31 ans). Il était devenu franc-maçon avant la guerre.
En 1919, alors que le bâtiment sur lequel il sert, mouille avec son escadre
dans la rade d'Odessa dans le but de contrer la progression de l'armée
rouge, Marty est au coeur de la mutinerie de matelots, qui éclate à la fois
par sympathie avec les " rouges " mais avec deux prétextes, la mauvaise
nourriture et la déconvenue de ne pas être démobilisés alors que la guerre
est terminée.
Marty se solidarise avec les mutins, ce qui lui vaut une condamnation à
vingt ans de travaux forcés. Son nom devient un symbole pour le jeune Parti
communiste issu du Congrès de Tours. Ce dernier prend alors sa défense, et
il est élu au Soviet de Moscou par les ouvriers de l'usine Dynamo.
Gracié en 1923, il ne tarde pas à donner son adhésion au Parti communiste,
il est élu député de Seine-et-Oise en 1924 et devient membre du Comité
central.
En 1927, à l'instar de nombreux autres dirigeants communistes, il est
condamné et incarcéré à la Santé pour action anti-militariste.
À partir de 1931, il est de plus en plus impliqué dans l'appareil de
l'Internationale communiste à l'exécutif duquel il représente le parti
français.
En 1935 il sera nommé au Présidium et au secrétariat, devenant ainsi le
Français au grade le plus élevé au sein du Komintern. Il entre également au
Bureau politique du parti français en 1932.
Pendant la guerre d'Espagne, à partir de 1936, le Komintern le nomme
inspecteur général des Brigades internationales. Il restera en Espagne
jusqu'à la fin de la guerre, en 1939. En France, il est violemment pris à
partie par le journal anarchiste Le Libertaire.
André Marty est à Moscou lors de l'annonce de la signature du pacte
germano-soviétique et de la déclaration de la guerre, en septembre 1939. Il
y est rejoint par Maurice Thorez avec lequel il n'a jamais eu de bons
rapports. Il travaille pour le Komintern jusqu'à la dissolution de celui-ci
en mai 1943, et en octobre 1943 il arrive à Alger pour représenter le PCF
auprès du gouvernement provisoire de De Gaulle et siéger à l'Assemblée
consultative.
À la Libération en 1944, il est un des trois secrétaires du Parti et
apparaît ainsi formellement comme le numéro 3, après Maurice Thorez et
Jacques Duclos. Dès 1947, il est marginalisé au sein du bureau politique,
mais en reste membre jusqu'en 1952, en n'exerçant que des responsabilités de
plus en plus secondaires.
Le 1er septembre 1952, il est mis en accusation devant le Bureau politique,
exclu de cet organisme le 7 décembre 1952, et exclu du Parti par sa cellule
le 24 décembre 1952. Un article signé Etienne Fajon dénoncera les " liaisons
policières de Marty ". Jacques Duclos avait également déclaré que Marty
avait été démasqué comme policier, accusation dont personne n'a jamais
retrouvé le moindre fondement, puisque les archives de police le concernant
sont encore inaccessibles, celles du PCF ne sont que très partiellement
ouvertes et celles du Komintern à Moscou en partie seulement.
Complètement isolé, après avoir essayé, en vain d'en appeler à l'autorité de
Staline, et s'être finalement rapproché des anarchistes et des trotskistes,
il meurt d'un cancer du poumon.
André Marty fut envoyé par l'Internationale communiste, dès août 1936,
auprès du gouvernement républicain espagnol pour organiser ce qui va devenir
les Brigades internationales. Il portera le titre " d'inspecteur général des
brigades internationales ", justifiant de cette responsabilité, outre son
grade élevé au sein du Komintern, par sa connaissance de l'espagnol et du
catalan et par son passé d'officier de Marine.
Les Brigades internationales furent basées à Albacete et comptèrent à leur
apogée près de trente-cinq mille hommes. Assez vite, les rapports de Marty
avec les Espagnols se dégradèrent et il fut rappelé à Moscou où Dimitrov le
chargea des affaires d'Amérique latine, mais Marty insista pour retourner en
Espagne et réussit à se faire passer pour l'homme de la situation après
l'intégration des Brigades dans l'armée populaire espagnole. Lorsqu'il
revient à Albacete en octobre 1937, il doit accepter d'être contrôlé par le
communiste italien Palmiro Togliatti.
Palmiro Togliatti, dans un rapport de novembre 1937, insistait pour que
Marty " change radicalement ses méthodes de travail " et " évite
d'intervenir dans les questions militaires et techniques des Brigades ". En
janvier 1938, il se félicite de son attitude mais continue d'évoquer " sa
façon un peu rude de se comporter parfois avec les camarades ". Selon le
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, certains
combattants revenus en France dénoncèrent ses excès d'autorité et
démissionnèrent du Parti communiste. Philippe Robrieux voit en lui " un
emporté et un fanatique totalement mythomane ".
Le rapport que Léon Mauvais présenta le 4 septembre 1952 au Bureau politique
n'était qu'un assemblage hétéroclite de broutilles, qui devenaient la preuve
d'une longue opposition de Marty à la ligne du Parti. L'affaire se
transforma en une véritable campagne de dénonciation politique des accusés
qui s'étendit à Jean, le frère d'André Marty, franc-maçon qui " a des
liaisons avec les milieux policiers ". Le Comité central de Gennevilliers
(du 5 au 7 décembre 1952) raya de ses rangs Marty et Tillon.
Tout ce déballage nauséeux prouvait bien que les épurateurs du Parti
communiste en France avaient bien retenu les leçons de leurs maîtres et
exemples à Moscou... Les mêmes mots, les mêmes boniments... Marty et Tillon
échappèrent à la liquidation, du seul fait qu'en 1952 les tueurs du PC
avaient les coudées moins franches en France et en Europe.
La phase la plus honteuse de l'intervention de l'URSS dans la guerre civile
espagnole est la " confiscation " par Staline de la réserve d'or de la
République, rien de moins que 700 tonnes.
Le " petit père des peuples " refusa de fournir l'armement si celui-ci
n'était pas payé rubis sur l'ongle.
Il est bien certain que le Front populaire espagnol mena sa politique
financière de la même façon que son armée, c'est-à-dire d'une façon
idéologique, purement idéaliste vis à vis de Moscou.
Dès le début des pourparlers, les Républicains fournirent aux envoyés du
Komintern 500 millions de dollars en lingots d'or, puis par la suite 100
millions de plus... pour en arriver à la fin de 1938 à s'entendre dire...
que leur crédit était totalement épuisé et que... ils restaient devoir
encore... 50 millions de dollars (archives KGB).
La République espagnole aurait pu, si elle avait été dirigée par des gens
normaux, payer n'importe où cet armement en papier monnaie ; et même en
obtenir une partie à crédit.
Mais c'était compter sans le machiavélisme de Staline qui ne s'était mêlé de
la guerre civile - que ses hommes avaient déclenchée - que pour le "bien"
du communisme international.
S'étant fait payer CASH... peu lui importait que les " Républicains "
gagnent ou perdent...
Il avait fait en sorte que cette guerre, et son appui, servent au mieux ses
intérêts à travers le PC espagnol. Avec ses hommes à l'intérieur même du
gouvernement, il avait réussi à faire disparaître tous les républicains qui
se sentaient encore " espagnols ", et là aussi fait démissionner puis
exécuter ceux qui osaient, face à ses ordres et à ses diktats... montrer une
certaine fierté, tel Caballero.
L'ambassadeur soviétique officiel auprès des républicains, Marcel Rosenberg,
que Caballero avait insulté du fait des intrigues qu'il organisait dans son
gouvernement, fut rapatrié en URSS et exécuté.
L'homme qui, à cette époque déjà, manoeuvrait le pouvoir à Madrid était
Marty, aux ordres du sicaire du NKVD... le sieur Orlov.
Ce dernier câbla à Staline, dès qu'il eut trouvé un remplaçant, Juan
Negrin... " Nous avons trouvé le polichinelle idéal " !
À partir de ce moment précis... la République espagnole ne fut plus qu'une
marionnette aux mains de marxistes fanatiques, tous estampillés " Staline ".
Le Parti communiste français, qui avait créé une compagnie de transport
maritime pour, tout simplement, faire du commerce à travers toutes les
activités économiques découlant de la Guerre d'Espagne et du blocus, plus ou
moins sérieux, fait par la marine anglaise, se servit aussi copieusement sur
le dos des " camarades espagnols ".
Pour s'en convaincre, il suffit de lire cette citation de l'un des héros de
l'armée républicaine espagnole, le fameux " Campesino " [in La vie et la
mort en URSS de Valentin Gonzalez (El Campesino), Plon, 1950] : " Quand je
reconquis la ville de Lerida, à la suite d'un coup de main audacieux, je
découvris dans un souterrain une grande quantité d'or et le meilleur poste
émetteur qu'il y eût, parait-il, en Catalogne. Je fis cadeau du poste à Luis
Companis, le sympathique et cordial président de la Généralité, qui vint en
personne me féliciter. L'or fut transporté par le communiste Hungria sur
deux camions, avec ordre de le remettre à José Diaz et à la " Pasionaria ".
J'ai su plus tard par José Diaz qu'il avait été transporté en France et
remis à Maurice Thorez, secrétaire général du Parti. ".
Voici la preuve, si cela était vraiment nécessaire, de ce que ces dirigeants
voyous du PCF - que je ne confonds pas avec les militants qui y ont cru -
étaient capables de faire.
Par la suite, de temps à autre, revenaient en surface les mystères de l'or
de la République espagnole... et du trésor du PCF...
Après la Libération, à plusieurs reprises, il sera trouvé... par-ci,
par-là... des traces de cet or maudit dans les caches du Parti. Le 31 mars
1947... ce sera le branle-bas de combat au PCF... Les camarades sont
paniqués... Plusieurs journaux titrent :
" Le mystère du chateau au trésor "...
" Une mystérieuse affaire de trésor "...
C'est qu'un véritable pactole vient d'être déterré dans le jardin d'une
maison de Villebon-sur-Yvette. Il apparaîtra bien vite que cette bâtisse, la
" Villa l'Oasis "... appartenant au PC, fut durant la guerre une des
" planques " du sieur Duclos...
Le montant du " TRESOR " faisait les choux gras des reporters de toute la
presse nationale : 50 kg d'or en lingots, des sacs de pièces anglaises et
américaines... des bijoux venant certainement de pillages.
La police fit semblant de s'intéresser à l'affaire... Elle avança quelques
noms... Elle trouva même un ou deux assassinats crapuleux qui pouvaient être
reliés à cette découverte... Mais les communistes étaient encore au
pouvoir... Il n'y avait donc pas de criminels ni de tueurs. Tous les hommes
qui pouvaient être impliqués étaient des " héros ", des " résistants ", des
" patriotes "... Circulez, il n'y a rien à voir !
Du côté des nationalistes, les choses sont beaucoup plus - si l'on peut
dire - logiques.
Franco est un militaire. Il fut l'un des plus jeunes généraux d'Europe... Il
n'est en rien fasciste et a toujours été respectueux de la République, même
si, parfois, selon les dirigeants du moment, elle prend des aspects
carrément antichrétiens.
Il a vu passer en cinq ans... 28 gouvernements, tous de plus en plus
laxistes et " révolutionnaires ". La franc-maçonnerie a fait main basse sur
l'armée. En tant que soldat, la chose qu'il ne peut admettre c'est la
destruction de l'Espagne par les menées séparatistes de plus en plus
hystériques... de plus en plus violentes.
Ces constatations, en revanche, l'amenèrent peu à peu à détester les
politiciens.
Quand il franchit le pas et devint donc un rebelle... les choses n'étaient
pas si simples que veulent bien le dire certains " spécialistes ", qui ne
sont en fait... spécialistes de rien !
Dès le début de la guerre, si certaines régions tombent, le reste du pays
reste aux mains de la " République ". Madrid, Barcelone et Valence
notamment, grâce aux milices ouvrières très vite mobilisées. Au bout d'une
semaine, le pays est coupé en deux zones à peu près égales : d'un côté les
nationalistes, de l'autre les républicains qui conservent les régions les
plus riches et industrielles.
Les forces en présence sont beaucoup plus équilibrées que n'en donne l'image
véhiculée du républicain armé de sa seule fourche, face aux nationalistes
lourdement armés par l'Allemagne. Il semble qu'au début de 1937, chaque camp
dispose d'environ 500 000 hommes. Côté nationaliste, c'est une armée plutôt
médiocre qui est alignée, que ce soit par son matériel hors d'âge ou par des
tactiques d'un autre temps. La livraison des armes allemandes ou italiennes
a permis un certain progrès. Les républicains sont quant à eux équipés
d'armes soviétiques et françaises, également de bonne qualité.
Pour les deux camps, la complication vient du fait que cette guerre se
déroule sur plusieurs fronts à la fois. Chez les républicains cela tourne
souvent à l'anarchie, car il s'agit bien... d'une armée populaire... mais la
discipline est relâchée, il n'y a pas de commandement centralisé, tout du
moins au début, et les finances et l'armement sont répartis selon des
critères politiques et régionaux qui ne facilitent pas la cohésion... chacun
tirant à lui le maximum... pour lui !
L'exemple le plus frappant est celui de l'armée basque républicaine
abandonnée par le pouvoir " républicain "...
Le 31 mars 1937, appuyées par l'aviation allemande et des troupes
italiennes, les forces du général Mola passent à l'offensive. Ce jour-là, la
ville de Durango subit un bombardement intensif qui provoque des dizaines de
morts. L'armée basque sous-équipée commence à reculer. La supériorité des
franquistes s'impose dans les airs. Le faible nombre d'avions dont dispose
l'armée basque rend celle-ci particulièrement vulnérable et commence à créer
un sentiment d'impuissance. Isolées du reste de l'Espagne républicaine, les
autorités basques ne cessent de réclamer au gouvernement de Madrid l'envoi
d'escadrilles afin d'appuyer les troupes au sol. Les avions tardent à venir,
et finalement ne viendront pas... Aguirre et de nombreux nationalistes
basques se sentent abandonnés par la République. Ils se rendent parfaitement
compte qu'il est impossible d'inverser le cours de la guerre sans appui de
l'aviation. Le 23 avril 1937, la situation s'aggrave. Une partie des lignes
de défense basques s'écroulent et les troupes du général Mola se rapprochent
de Guernica.
Dans ses récits de guerre, dénonçant les staliniens, George Orwell écrira à
plusieurs reprises qu'au moment des plus rudes combats, quand certaines
unités, mal vues par les marxistes, montaient à l'assaut, les chefs
Républicains qui voulaient les voir " étrillées " suspendaient les appuis
d'artillerie.
Mais surtout Franco ne gaspilla jamais les deniers du camp nationaliste. Il
sut, mieux que ses adversaires, utiliser le matériel moderne fourni par ses
alliés et reformer ses unités.
Dès le début, il ne laissa pas s'installer dans son camp des alliés
indisciplinés militairement, mais prit sous son commandement effectif les
carlistes et les phalangistes dont il exigea que les chefs au combat aient
une formation militaire rigide.
Pour gouverner, il s'appuiera, à tour de rôle, sur quatre forces : l'armée,
la Phalange, les carlistes et l'Eglise. C'est de cette dernière que lui
viendront les plus cruelles déceptions. Et l'on verra notamment les jésuites
espagnols, jusqu'alors fidèles défenseurs du franquisme, virer résolument à
gauche.
Pour vaincre militairement, il fallait ce qu'il appellera une "
arrière-garde
vibrante ". La Phalange et les Requetes répondront à cet appel
en s'unifiant sous le nom de Falange Española Tradicionalista de las Juntas
de Ofensiva Nacional-Sindicalista (FET de la JONS).
En 1938, les Rouges se font massacrer sur l'Ebre où ils laissent 8 000
hommes et la quasi-totalité de leur aviation. Juste avant Noël, les
nationalistes lancent l' " offensive finale ". Barcelone tombe. Et Madrid,
enfin, le 29 mars 1939. Le 1er avril, le général Franco annonce : " L'armée
rouge étant désarmée et prisonnière, les forces nationales ont atteint leur
dernier objectif. La guerre est terminée ".
Contrairement à la légende qui a toujours voulu le présenter comme un être
obtus, Franco sut tirer les leçon de certains échecs et de certaines
erreurs.
Il refusa toujours que ses alliés se mêlent des affaires de l'Espagne et
privé de la réserve d'or... partie en URSS... il réussit le tour de force de
maintenir la " peseta nationaliste " à un cours respectable, ce qui permit
de passer des marchés internationaux alors que la " peseta républicaine "
s'effondra lamentablement.
Ayant réussi à stabiliser sa monnaie grâce, entre autres, au fait qu'il
avait exigé que les exportations continuent, il resta le seul maître à bord,
et obtint les crédits nécessaires pour payer l'armement qui lui était
fourni.
Il finit par devoir plus de 200 millions de dollars à l'Allemagne et près de
300 millions à l'Italie.
Dettes qui furent payées !
Je le répète encore, comme toute guerre civile celle d'Espagne fut
horrible... mais, enfin... en 2008, il serait temps d'écrire la vérité. Elle
était programmée par les partis de gauche espagnols qui, de toute façon, se
seraient battus entre eux si les nationalistes n'étaient intervenus.
Il faut convenir que pour des idéaux fumeux et des querelles internes,
l'addition était lourde... : 90 000 tués au combat dans le camp
nationaliste, 110 000 dans le camp républicain, un million d'estropiés,
10 000 personnes étaient mortes sous les raids aériens, 25 000 de
malnutrition, 130 000 avaient été exécutés derrière les lignes, et 500 000
s'étaient exilés, dont la moitié ne devait jamais revenir.
Et tout cela - toutes les archives le prouvent - alors qu'il n'y avait aucun
danger fasciste en Espagne à ce moment-là. Même lorsque le Caudillo fut au
pouvoir, cette espèce de folklore fascisant dans tel ou tel aspect du régime
ne faisait que copier la mode de l'époque, que ce soit à Berlin, à Rome,
dans les autres états d'Europe... et même en France où les Jeunesses
socialistes, communistes, et Croix-de-Feu, portaient chemises, foulards,
bannières et insignes.
Il en était de même pour les Jeunesses juives du Bétar à Berlin, qui
demandèrent à Himmler l'autorisation et l'honneur de porter la chemise
brune...
Il fut de bon ton aussi, à une époque, pour les éternels justiciers, de
prétendre que Franco était... antisémite... ce qui serait un comble quand on
sait que le Caudillo fit parvenir - par le biais de ses ambassades -,
surtout dans les Balkans, plus de 40 000 passeports à des juifs sépharades
menacés de déportation...
De plus, alors qu'il ne pouvait tout de même pas le faire ouvertement, il
permit le passage de très nombreux Français et étrangers voulant rejoindre
l'Afrique du Nord ou l'Amérique. Il n'empêcha jamais de fonctionner les
filières d'évasion des aviateurs alliés.
À la fin de la guerre de 1945, les mêmes " bonnes âmes " qui ne rêvent que
de condamnations et d'épuration... firent campagne pour que le " dictateur
espagnol " fût rangé au côté de Mussolini et d'Hitler dans la catégorie des
" abjects ".
Pourtant la neutralité de l'Espagne pendant tout le conflit fut plus
favorable aux Alliés qu'aux puissances de l'Axe (les Américains n'ont pas
déclaré la guerre à l'Allemagne avant d'être eux-mêmes attaqués, en 1942,
alors que son allié traditionnel la France était occupée depuis deux
ans...).
Il faudrait ne pas toujours chambouler l'Histoire et se souvenir que dès la
fin de la campagne de France, en 1940, Hitler se rendit à Hendaye pour le
rencontrer... et il lui demanda de se ranger à ses côtés, comme lui l'avait
fait en 1936. Franco demanda à réfléchir et exigea, en échange de la
collaboration effective de son armée, de telles compensations territoriales,
ne serait-ce qu'en Afrique du Nord, que Hitler, bluffé, ne donna jamais de
réponse...
Mais pour les anti-" dictateur espagnol ", ce ne fut pas une preuve
d'intelligence... ce que l'on aurait dit de n'importe quel autre chef
d'Etat.
Par contre, ce que ne disent jamais les mêmes, toujours les mêmes... c'est
que si l'inverse s'était produit, si les " Républicains pur beurre " avaient
remporté la victoire... au moment de l'entente Adolf-Josef... ils auraient
ouvert la frontière aux divisions Panzer et celles-ci auraient pu foncer sur
Gibraltar... et de là... sans peine... débarquer au Maroc.
Voilà, Messieurs, l'exacte vérité que personne ne proclame... car BIG
BROTHER... est au pouvoir !
En revanche, les nationalistes et Franco perdirent la guerre de la
propagande car ils avaient à faire à des maîtres formés à l'école du KGB et
qui trouvèrent bien vite les " pigeons " et les " idiots utiles "... surtout
après Guernica...
Il fut bien vite dit... que tous les intellectuels étaient du côté des
" Républicains ", car un intellectuel patenté ne pouvait être que dans ce
camp là... du côté du peuple !
Les " gens-de-lettre " furent de tous les " raouts ", les " sauteries ", les
congrès... pour la Paix, contre le " Fâchisme ". À Madrid, au frais du
" populo "... qui crevait de faim, toute la Nomenklatura exotique se
goinfrait...
Trimbalés en voiture de luxe, ils étaient là... pour voir la guerre... et
faire le roman du siècle... tout comme Malraux qui rentra de Chine en 1932
avec ses notes, pour écrire La condition humaine, roman où il écrit, bien
sûr, ce qu'il a vu là-bas... déjà... dans le camp communiste... face aux
nationalistes... ces affreux, ces sans âme... qui brûlaient les patriotes
marxistes dans les chaudières des locomotives, détail dont il reconnaîtra -
quand même - un jour... qu'il l'avait ajouté pour étoffer l'image de la
contre-révolution.
C'est d'ailleurs le même Malraux qui arriva un jour, venant de France, avec
une escadrille de bombardiers lents Potez qui ne firent pas beaucoup de mal
aux nationalistes car, tout comme Malraux, ses amis venus comme aviateurs
" républicains "... ne savaient pas piloter.
Mais ne serait-ce pas que bassesse et mesquinerie que... de relever de tels
détails... Cela ne peut venir que d'un ennemi du peuple... un " FACHISTE ".
Et pourtant la quasi-totalité de la propagande communiste ne couvre que des
" bobards " de cette espèce.
pour le bonheur du peuple... puisque... on le dit... on le clame... " ce
sont les ouvriers qui sont au pouvoir ! ".
Certaines mesures sociales prises déclenchèrent l'enthousiasme des foules,
les congés payés et les quarante heures, entre autres.
Ces lois étaient en partie nécessaires, mais fallait-il les prendre juste à
cette époque où la guerre s'amorçait, où l'Allemagne, sous la férule
d'Hitler, se réarmait de façon colossale, où Staline et son Komintern
semaient dans le monde entier la terreur ?
Mon grand-père avait alors un peu plus de sept ans, son père travaillait
chez Hachette, société qui sera nationalisée à la Libération et qui avait le
monopole de la distribution de la presse. Il se souvient des occupations
d'usine, des soupes populaires, des ripailles prolétariennes, où chacun
amenait " quelque chose " pour manger en commun et, surtout, pour boire et
et danser tard le soir, au son de l'accordéon.
Il voyait dans la journée, sur le boulevard Voltaire où il habitait alors,
dans une rue ouvrière, la rue des Boulets, les immenses cortèges des
" forces antifascistes " pour soutenir la " Liberté en Espagne ". Des foules
immenses, sur lesquelles ne flottaient que des drapeaux rouges... des
bannières rouges... des calicots rouges... et des banderoles, par dizaines,
par centaines certains jours !
" Le pain, la paix, la liberté, pour la France ! " mais aussi, " pour
l'Espagne !", " pour tous les travailleurs du monde !".
Et l'Internationale... Pendant des heures... Pendant des après-midi
entiers... chantée, hurlée, jouée avec un tas d'instruments, parfois des
orchestres improvisés sur des camions, ou des fanfares ouvrières, foulard
rouge autour du cou... Et parfois, devant, très souvent même des
" héros "... des " héros de la guerre d'Espagne "... Parfois des blessés
dans des charettes... " Qui c'est celui-là, demandaient des badauds.
C'est un combattant des Brigades internationales... blessé en défendant
Madrid... contre les fascistes ! "...
L'Espagne, les Brigades , les " fascistes ", les " Républicains " , la
classe ouvrière... Le grand Staline... L'affreux Hitler... " Franco,
l'ordure "... la guerre impérialiste... Mon grand-père se rappelle de tout
cela, mais ce qui l'a le plus marqué, c'est la haine, aussitôt les slogans
politiques criés, dès que les rires avaient fusé et que la joie avait
éclatée, c'était comme une hystérie collective qui demandait des châtiments
ou la mort pour tel ou tel salaud... telle ou telle ordure... " Avec
Staline, on aura leur peau à tous ces vendus au capitalisme " ; " A mort les
patrons " ; " Mort aux deux cent familles " ;
" Demain viendra le grand soir ". Et tout cela, durant des heures !
C'est qu'en Espagne, une guerre civile atroce se déroulait et la radio,
invention qui arrivait peu à peu dans les foyers, décuplait les nouvelles
sans, bien sûr, expliquer objectivement la genèse du drame.
Depuis 1920, dans ce pays rude, à la population frondeuse par tradition, les
socialistes tenaient politiquement une place non négligeable, mais malgré le
fait que le pays soit un royaume, c'est une dictature " molle ", celle de
Primo de Rivera, qui depuis 1923 gouvernait tant bien que mal ce conglomérat
de provinces, toutes tentées par une autonomie de plus en plus large... à
tendance indépendantiste.
En 1931, lors d'élections libres, le roi qui veut se débarrasser du pouvoir
illégitime en place, pense qu'il peut influer favorablement sur le vote pour
faire triompher les monarchistes. Malheureusement pour lui, ce sont, dans
les villes, les républicains qui l'emportent. Alphonse XIII est contraint à
l'exil et la République est proclamée.
Mais l'Espagne est vraiment un pays compliqué. Au cours de nouvelles
élections, en 1933, c'est, cette fois-ci, la droite qui l'emporte... Coup de
barre à gauche... Coup de barre à droite... le pays va à vau-l"eau, mais
avec de plus en plus de révoltes, de récriminations, de manifestations
violentes.
En octobre 1934, des grèves insurrectionnelles se déclenchent dans les
Asturies, et les meneurs, souvent têtes brûlées, ou agents politiques aux
ordres, en font tant et tant que l'armée, sur ordre officiel du pouvoir
légal républicain, mate la révolte dans un bain de sang.
C'est alors le grand rassemblement de toutes les forces de gauche, comme en
France, qui en 1934, créent le Front populaire. Cette coalition hétérogène
rassemblant, comme en France, tous ceux qui luttent contre les adversaires
de la Révolution, obtient une courte majorité aux élections de février 1936.
En fait, les partis de gauche ou de droite avaient obtenu un nombre de voix
sensiblement égal. Mais les révolutionnaires, incapables de s'entendre, sauf
contre le pouvoir légal, forcèrent le mouvement... déclenchèrent partout des
grèves violentes... très violentes, et enclenchèrent un processus de prise
de pouvoir immédiat, que le gouvernement républicain ne put ou ne voulut
enrayer. Pour les partis de droite qui représentaient presque exactement la
moitié de l'électorat, il n'y avait aucune alternative. Ou ils se
rebellaient, ou ils disparaissaient, non seulement politiquement, mais aussi
physiquement.
Au début de son mandat, Francino-Largo Caballero, le leader socialiste qui
prit le pouvoir, passait pour un modéré qui pourrait assurer sans graves
problèmes la transition entre la monarchie et la république. Mais c'était
sans compter avec tous les mouvements de gauche, d'extrême-gauche et
anarchistes qui, eux, ne rêvaient que d'une chose : La Révolution.
Pourtant, il tenta bien de lancer des avertissements disant aux plus
extrémistes que leurs provocations amèneraient l'armée à prendre des
positions draconiennes. Il condamna fermement les grèves politiques, menées
en sous-main par les communistes pourtant fortement minoritaires. Ceux-ci,
néanmoins, aidés par le anarchistes qu'ils vomissaient, réussirent à mettre
des hommes à eux dans tous les rouages de l'Etat et de l'administration...
C'était l'entrisme à l'oeuvre sur les conseils des hommes du Komintern.
Ce fut donc l'effondrement de la légalité républicaine, dès l'instant où les
extrémistes socialistes du PSOE (Parti social ouvrier espagnol), le
principal parti de gauche, lâchèrent Caballero, allant même jusqu'à s'allier
aux nationalistes catalans " d'Esquerra Catalana ".
Quoi que veuillent bien raconter les " historiens d'opérette " ou des hommes
vendus à Moscou, la guerre d'Espagne ne fut pas une guerre civile entre
démocrates et fascistes. Répétons encore que pendant toute la durée de la
République, ceux qui deviendront les Nationalistes ont été modérés et
légalistes.
En fait, on peut dire et écrire qu'au moment du drame affreux que devint
cette guerre civile, il y avait d'un côté l'Espagne catholique, par essence
non fasciste, et de l'autre côté, les révolutionnaires qui ne voulaient que
la révolution, mais qui se battaient déjà pour savoir quel modèle il fallait
prendre, le communiste ou l'anarchiste. Tous les observateurs neutres et
impartiaux, et ils étaient peu nombreux, savaient très bien que la guerre
fratricide était déjà là et que le premier round avait été les deux semaines
de tueries de 1934, où les morts s'étaient comptés par milliers dans la
moitié des provinces du pays.
La gauche, la première, rompit donc avec la démocratie. Elle fut écrasée. A
ce moment-là, des gens sérieux auraient pu s'apercevoir que la méthode
n'était pas la bonne. Bien au contraire, ils ne pensèrent qu'à la revanche,
et enclenchèrent à nouveau un vaste processus révolutionnaire.
Il existait pourtant en Espagne un grand mouvement avec un vrai chef. Il
s'agit de José Maria Gil-Robles. Son parti, la CEDA (Confédération espagnole
des droites autonomes), était un mouvement de masse, mais bien que
Gil-Robles fut donné pour bon républicain, il était... haï par les...
monarchistes... vomi par les ... fascistes... et juste bon à jeter aux
chiens pour les... socialistes.
Pourtant la propagande anti-gauche et les mises en garde qu'il ne cessa de
distribuer, furent pour beaucoup dans la prise de conscience des
antirépublicains, quant au devenir du pays, si ces derniers l'emportaient.
Malheureusement, la suite des événements prouva que sur beaucoup de points
Gil-Robles avait raison. Bien souvent, les événements dramatiques dus aux
" révolutionnaires " furent pires que ce qu'il avait annoncé.
Bien vite, les premières églises brûlèrent, les terres furent confisquées.
Au parlement, la gauche qui avait obtenu moins de cinquante pour cent des
suffrages, ne voulut même pas attendre le résultat final. Elle attaqua de
façon ordurière le Président Alcala-Zamora, vrai républicain, parfaitement
honorable.
Poussant à la crise, elle tenta d'interdire au député élu de la CEDA,
Gil-Robles, de sièger.
Le communistes qui n'avaient pourtant eu que dix-sept députés menaient le
bal, avec comme leader, la fameuse pasionaria, Dolores Ibarruri, qui
prétendait, et s'en vantait chaque jour, avoir égorgé un prêtre avec ses
dents (rien que du beau monde !).
Déjà dans les coulisses, les agents de Staline n'hésitaient plus à se
montrer... C'est l'un d'eux qui obtint de Santiago Carrillo, dirigeant des
Jeunesses socialistes, qu'il ordonne la fusion de son mouvement avec celui
des Jeunesses communistes. Les échauffourées devenaient quotidiennes et de
plus en plus violentes.
Le 17 juin 1936, aux Cortes, le Parlement espagnol, Calvo Sotelo énonça tous
les crimes commis par les républicains. De la tribune de l'Assemblée, avec
courage, Gil-Robles mit le pouvoir devant ses responsabilités : " La moitié
de la nation ne se resignera pas à mourir. Si elle ne peut se défendre par
une voie, elle choisira l'autre... Ceux qui recherchent la conquête
révolutionnaire du pouvoir apportent la guerre civile... Les armes ont été
livrées par... un gouvernement qui n'a pas été capable de faire son devoir
vis-à-vis de groupements politiques demeurés dans la plus stricte
légalité ".
Dolorès Ibarruri se leva et cria : " Cet homme vient de parler pour la
dernière fois ".
Le 12 juillet 1936, Calvo Sotello est arrêté par les gardes d'assaut et
emmené vers une destination inconnue. Et le 13 juillet 1936, son cadavre est
retrouvé dans la morgue d'un cimetière.
Mais déjà, le gouvernement du Front populaire ne tenait plus rien et
surtout, il ne contrôlait plus ses propres militants qui, de plus en plus
nombreux, étaient armés et semaient la terreur dans de nombreuses villes.
Quant aux campagnes, les anarchistes formaient des bandes armées paysannes,
qui semaient le désordre et la terreur, surtout en Estramadure et en
Andalousie, allant jusqu'à mettre le feu aux récoltes.
Bien sûr, les groupements de droite ne restaient pas inactifs face à de
telles provocations, souvent meurtrières.
Le Front populaire renvoya une partie de l'armée dans ses foyers, consigna
la garde civile dans ses cantonnements et forma une nouvelle force de police
" républicaine ", la Garde d'assaut. Cette dernière, très souvent se joignit
aux émeutes. Dès ce moment, cent soixante églises avaient déjà brûlé, près
de trois cent assassinats politiques étaient dénombrés, et des grèves
insurrectionnelles éclataient dans tout le pays.
La guerre, la vraie, débuta donc le 13 juillet 1936, à la suite de
l'assassinat du leader monarchiste, Calvo Sotelo. Gil-Robles s'exila en
France.
Dans le nord, renforcé par 6 000 Requetes (monarchistes anti-Alphonse XIII),
le général Mola contrôle la Navarre et la Galice. Peu de temps après, les
nationalistes s'emparent de Burgos, Valladolid, Saragosse, Segovie... Outre
Madrid, la Catalogne et le Pays basque, le gouvernement républicain garde la
main sur une partie de l'Andalousie, la côte orientale (de la frontière
française à Almeria), Malaga, Jaen, Huelva, Tolède où l'Alcazar résiste
encore.
C'est le général Sanjurjo qui est censé diriger le soulèvement de l'armée,
mais il meurt le 22 juillet dans un accident d'avion qui l'emmenait du
Portugal en Espagne. Le général Goded ayant été fusillé, c'est le général
Franco qui prend le commandement du Pronunciamiento préparé depuis le Maroc
espagnol.
Franco installe son PC à Burgos et compte ses troupes... Il a avec lui, sur
le papier, la plus grande partie de l'armée régulière, la Légion étrangère
(la Bandera) et des unités marocaines appartenant aux troupes coloniales
espagnoles. Il a en plus les milliers de volontaires de la Phalange et des
Requetes. Mais les armes restent rares et les soldats de métier font
cruellement défaut.
Il déclare alors, parlant de ses adversaires : " Les principaux fronts sont
constitués par le socialisme, le communisme et les anarchistes, dont le but
est de saper la civilisation et de la faire basculer dans la barbarie ".
Mais le putsch était loin d'avoir réussi partout. Cinq des six plus grandes
villes espagnoles étaient restées aux mains des républicains.
La Marine avait été neutralisée par des meneurs marxistes, qui n'hésitèrent
pas à abattre leurs officiers et manoeuvrèrent les bâtiments de telle sorte
qu'ils interdirent aux nationalistes le passage du détroit de Gibraltar, par
lequel Franco comptait faire venir les forces qui lui étaient loyales au
Maroc.
C'est pourquoi il s'empressa de demander des avions de transport à Mussolini
et à Hitler.
En France, malgré la sympathie affichée par le Front populaire pour les
républicains, Blum proposa en août 1936 que les nations signent un accord de
non-intervention. Ce projet fut accepté et signé par vingt-cinq pays, dont
l'Allemagne et l'Italie.
Pourtant, dans le même temps où les avions italiens et allemands arrivaient
en Espagne, du côté des nationalistes... des chars russes faisaient leur
entrée dans Madrid, toujours aux mains des républicains, et des avions
français faisaient leur apparition sur le front, renforçant considérablement
l'aviation républicaine. Le 5 août 1936, avec quelques petits avions de
circonstance, Franco a déjà pu acheminer 2 837 hommes en Espagne. Dans la
première semaine d'août, il dispose de 9 Savoia-Marchetti SM 81
italiens et 15 Ju-52 allemands. À la fin du mois d'août, la moitié de
l'Armée d'Afrique et des tonnes de matériels sont à pied d'oeuvre.
Les républicains se sont naturellement tournés vers la France du Front
populaire et l'URSS. Cette dernière a envoyé à Azana des " conseillers "
triés sur le volet : Bondarenko, Rosenberg, Winter. Les "milices populaires"
socialistes, trotskistes, communistes, anarchistes, s'organisent.
À Barcelone, le Consul d'URSS, Antonov Avsceko, fait la distribution
d'armes... Elles seront vite testées en fusillant 7 000 prêtres catholiques.
Le gouvernement de Mexico, acquis aux idéaux maçonniques, envoie 20 millions
de cartouches pour fusils. La France qui, officiellement, se tient à l'écart
de tout cela, fournit elle aussi des armes : fusils Lebel, mitrailleuses
Hotchkiss, canons de 75 et des avions :
- 50 Potez-54,
- 35 Bloch MB 210,
- 20 Bloch MB 200,
- 54 Dewoitine D-27,
- 16 Dewoitine 510,
- 27 Spad,
- 20 Loire 46, etc.
Au total : 222 appareils !
Durant toute la guerre, la France devait fournir clandestinement des
armements de toutes sortes... la contrebande étant, sur ordre de Paris,
organisée par nos douaniers. Britanniques et Tchécoslovaques participent
aussi à l'armement des républicains. Bientôt arrivent des appareils
soviétiques (975 chasseurs Polikarpov I-15 et I-16, plus de 200 bombardiers
de tous types), des blindés lourds et légers, etc.
Tout prouve aujourd'hui que, si le putsch militaire n'avait pas eu lieu, la
guerre civile aurait quand même éclaté, car les partis de gauche ne
pensaient qu'à s'entretuer... ce qu'ils firent " joyeusement " pendant des
mois.
Franco fut le général qui tarda le plus à prendre position contre le pouvoir
socialiste.
Chaque fois que l'Etat espagnol le lui a ordonné, il a défendu la
République, tout comme d'ailleurs les mouvements politiques de droite.
Franco et une partie de l'armée n'avaient aucune sympathie pour la
République mise en place et qui était férocement anticléricale, mais ils ont
longtemps défendu la légalité républicaine.
Il ressort aujourd'hui que les archives sont disponibles et peuvent être
compulsées... que le plus grand drame de cette guerre fut celui du POUM que
les communistes, et Staline le tout premier, considéraient comme leur
principal ennemi.
Dès le printemps 1937 à Barcelone, d'incroyables combats les opposèrent aux
communistes. Les deux camps, pourtant en guerre contre un ennemi commun,
possèdaient leurs milices privées, leurs police secrètes, leurs équipes de
tueurs !
Ils ne sont pas là, ils le disent, ils le clament, ils l'écrivent... pour
défendre le gouvernement, fut-il du Front populaire. Leur combat et leur
idéal... la collectivisation des terres, l'autogestion des entreprises et
les
expropriations.
De toute l'Europe et du monde, tous les anars les rejoignent. Ils sont une
force, mais une force " bordélique ", ils aiment les petits groupes. Ils
sont combattants contre le fascisme et pour la révolution sociale, mais...
ils ne sont pas des soldats ! La discipline, ce n'est pas pour eux. L'ordre
serré, ils " s'en tapent ". La guerre... après. D'abord et tout de suite...
la Révolution !
Mais l'URSS et le petit père des peuples ne veulent plus de ces bandes...
c'est le cas de le dire, anarchiques. Staline donne ordre de démanteler les
milices du POUM. Dans le même temps, dans le gouvernement républicain, les
communistes prennent le contrôle du ministère de l'Intérieur et de tous les
postes clés de la police. C'est le début du grand règlement de comptes.
Le 14 juin 1937, Orlov, chef du NKVD en Espagne, sur ordre exprès de
Staline, exige l'arrestation de tous les chefs du POUM. Des centaines de
militants accusés de " trotskisme et d'anarchisme " (sic), sont emprisonnés,
torturés, assassinés.
Une date est fixée : le 30 juin 1937, tous les volontaires étrangers doivent
avoir rejoint les Brigades internationales.
Nin Andrev, fondateur et dirigeant du POUM est arrêté sur ordre de Staline.
Il meurt sous la torture, écorché vif.
Dès 1937, la plupart des éléments " militaro-révolutionnaires " qui
composaient le camp républicain étaient à couteaux tirés, et les choses ne
s'amélioraient pas avec l'arrivée des Birgades internationales.
En novembre 1936, il est vrai, elles avaient durement combattu pour
conserver Madrid aux républicains, mais par la suite, elles
s'entredétruisirent dans la mesure où Staline voulut en faire l'armée du
Komintern et envoya en Espagne des hommes à lui, n'obéissant qu'à lui ! Tous
les spécialistes reconnaissent que sans leur intervention, Franco aurait
gagné la guerre en six mois.
Mais voici qu'arrive en Espagne l'homme dont le nom sera le plus souvent
cité, dès que l'on parlera de purges staliniennes, d'épurations, de tueries
et qui deviendra le " Boucher d'Albacete ", cet homme, c'est André Marty.
Il est né le 6 novembre 1886 à Perpignan, et mort le 23 novembre 1956 à
Toulouse. C'était un homme politique français, dirigeant du Parti communiste
français, exclu en 1952. Il a également été député, de 1924 à 1955, avec
quelques interruptions, et secrétaire de l'Internationale communiste de 1935
à 1943.
Né d'un père négociant en vins, qui avait participé à la commune de Narbonne
et professait des opinions libertaires, André Marty échoue au concours
d'entrée à l'Ecole Navale et apprend le métier de chaudronnier sur cuivre.
Il s'engage dans la Marine nationale et devient finalement ingénieur
mécanicien en 1917 (à 31 ans). Il était devenu franc-maçon avant la guerre.
En 1919, alors que le bâtiment sur lequel il sert, mouille avec son escadre
dans la rade d'Odessa dans le but de contrer la progression de l'armée
rouge, Marty est au coeur de la mutinerie de matelots, qui éclate à la fois
par sympathie avec les " rouges " mais avec deux prétextes, la mauvaise
nourriture et la déconvenue de ne pas être démobilisés alors que la guerre
est terminée.
Marty se solidarise avec les mutins, ce qui lui vaut une condamnation à
vingt ans de travaux forcés. Son nom devient un symbole pour le jeune Parti
communiste issu du Congrès de Tours. Ce dernier prend alors sa défense, et
il est élu au Soviet de Moscou par les ouvriers de l'usine Dynamo.
Gracié en 1923, il ne tarde pas à donner son adhésion au Parti communiste,
il est élu député de Seine-et-Oise en 1924 et devient membre du Comité
central.
En 1927, à l'instar de nombreux autres dirigeants communistes, il est
condamné et incarcéré à la Santé pour action anti-militariste.
À partir de 1931, il est de plus en plus impliqué dans l'appareil de
l'Internationale communiste à l'exécutif duquel il représente le parti
français.
En 1935 il sera nommé au Présidium et au secrétariat, devenant ainsi le
Français au grade le plus élevé au sein du Komintern. Il entre également au
Bureau politique du parti français en 1932.
Pendant la guerre d'Espagne, à partir de 1936, le Komintern le nomme
inspecteur général des Brigades internationales. Il restera en Espagne
jusqu'à la fin de la guerre, en 1939. En France, il est violemment pris à
partie par le journal anarchiste Le Libertaire.
André Marty est à Moscou lors de l'annonce de la signature du pacte
germano-soviétique et de la déclaration de la guerre, en septembre 1939. Il
y est rejoint par Maurice Thorez avec lequel il n'a jamais eu de bons
rapports. Il travaille pour le Komintern jusqu'à la dissolution de celui-ci
en mai 1943, et en octobre 1943 il arrive à Alger pour représenter le PCF
auprès du gouvernement provisoire de De Gaulle et siéger à l'Assemblée
consultative.
À la Libération en 1944, il est un des trois secrétaires du Parti et
apparaît ainsi formellement comme le numéro 3, après Maurice Thorez et
Jacques Duclos. Dès 1947, il est marginalisé au sein du bureau politique,
mais en reste membre jusqu'en 1952, en n'exerçant que des responsabilités de
plus en plus secondaires.
Le 1er septembre 1952, il est mis en accusation devant le Bureau politique,
exclu de cet organisme le 7 décembre 1952, et exclu du Parti par sa cellule
le 24 décembre 1952. Un article signé Etienne Fajon dénoncera les " liaisons
policières de Marty ". Jacques Duclos avait également déclaré que Marty
avait été démasqué comme policier, accusation dont personne n'a jamais
retrouvé le moindre fondement, puisque les archives de police le concernant
sont encore inaccessibles, celles du PCF ne sont que très partiellement
ouvertes et celles du Komintern à Moscou en partie seulement.
Complètement isolé, après avoir essayé, en vain d'en appeler à l'autorité de
Staline, et s'être finalement rapproché des anarchistes et des trotskistes,
il meurt d'un cancer du poumon.
André Marty fut envoyé par l'Internationale communiste, dès août 1936,
auprès du gouvernement républicain espagnol pour organiser ce qui va devenir
les Brigades internationales. Il portera le titre " d'inspecteur général des
brigades internationales ", justifiant de cette responsabilité, outre son
grade élevé au sein du Komintern, par sa connaissance de l'espagnol et du
catalan et par son passé d'officier de Marine.
Les Brigades internationales furent basées à Albacete et comptèrent à leur
apogée près de trente-cinq mille hommes. Assez vite, les rapports de Marty
avec les Espagnols se dégradèrent et il fut rappelé à Moscou où Dimitrov le
chargea des affaires d'Amérique latine, mais Marty insista pour retourner en
Espagne et réussit à se faire passer pour l'homme de la situation après
l'intégration des Brigades dans l'armée populaire espagnole. Lorsqu'il
revient à Albacete en octobre 1937, il doit accepter d'être contrôlé par le
communiste italien Palmiro Togliatti.
Palmiro Togliatti, dans un rapport de novembre 1937, insistait pour que
Marty " change radicalement ses méthodes de travail " et " évite
d'intervenir dans les questions militaires et techniques des Brigades ". En
janvier 1938, il se félicite de son attitude mais continue d'évoquer " sa
façon un peu rude de se comporter parfois avec les camarades ". Selon le
Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, certains
combattants revenus en France dénoncèrent ses excès d'autorité et
démissionnèrent du Parti communiste. Philippe Robrieux voit en lui " un
emporté et un fanatique totalement mythomane ".
Le rapport que Léon Mauvais présenta le 4 septembre 1952 au Bureau politique
n'était qu'un assemblage hétéroclite de broutilles, qui devenaient la preuve
d'une longue opposition de Marty à la ligne du Parti. L'affaire se
transforma en une véritable campagne de dénonciation politique des accusés
qui s'étendit à Jean, le frère d'André Marty, franc-maçon qui " a des
liaisons avec les milieux policiers ". Le Comité central de Gennevilliers
(du 5 au 7 décembre 1952) raya de ses rangs Marty et Tillon.
Tout ce déballage nauséeux prouvait bien que les épurateurs du Parti
communiste en France avaient bien retenu les leçons de leurs maîtres et
exemples à Moscou... Les mêmes mots, les mêmes boniments... Marty et Tillon
échappèrent à la liquidation, du seul fait qu'en 1952 les tueurs du PC
avaient les coudées moins franches en France et en Europe.
La phase la plus honteuse de l'intervention de l'URSS dans la guerre civile
espagnole est la " confiscation " par Staline de la réserve d'or de la
République, rien de moins que 700 tonnes.
Le " petit père des peuples " refusa de fournir l'armement si celui-ci
n'était pas payé rubis sur l'ongle.
Il est bien certain que le Front populaire espagnol mena sa politique
financière de la même façon que son armée, c'est-à-dire d'une façon
idéologique, purement idéaliste vis à vis de Moscou.
Dès le début des pourparlers, les Républicains fournirent aux envoyés du
Komintern 500 millions de dollars en lingots d'or, puis par la suite 100
millions de plus... pour en arriver à la fin de 1938 à s'entendre dire...
que leur crédit était totalement épuisé et que... ils restaient devoir
encore... 50 millions de dollars (archives KGB).
La République espagnole aurait pu, si elle avait été dirigée par des gens
normaux, payer n'importe où cet armement en papier monnaie ; et même en
obtenir une partie à crédit.
Mais c'était compter sans le machiavélisme de Staline qui ne s'était mêlé de
la guerre civile - que ses hommes avaient déclenchée - que pour le "bien"
du communisme international.
S'étant fait payer CASH... peu lui importait que les " Républicains "
gagnent ou perdent...
Il avait fait en sorte que cette guerre, et son appui, servent au mieux ses
intérêts à travers le PC espagnol. Avec ses hommes à l'intérieur même du
gouvernement, il avait réussi à faire disparaître tous les républicains qui
se sentaient encore " espagnols ", et là aussi fait démissionner puis
exécuter ceux qui osaient, face à ses ordres et à ses diktats... montrer une
certaine fierté, tel Caballero.
L'ambassadeur soviétique officiel auprès des républicains, Marcel Rosenberg,
que Caballero avait insulté du fait des intrigues qu'il organisait dans son
gouvernement, fut rapatrié en URSS et exécuté.
L'homme qui, à cette époque déjà, manoeuvrait le pouvoir à Madrid était
Marty, aux ordres du sicaire du NKVD... le sieur Orlov.
Ce dernier câbla à Staline, dès qu'il eut trouvé un remplaçant, Juan
Negrin... " Nous avons trouvé le polichinelle idéal " !
À partir de ce moment précis... la République espagnole ne fut plus qu'une
marionnette aux mains de marxistes fanatiques, tous estampillés " Staline ".
Le Parti communiste français, qui avait créé une compagnie de transport
maritime pour, tout simplement, faire du commerce à travers toutes les
activités économiques découlant de la Guerre d'Espagne et du blocus, plus ou
moins sérieux, fait par la marine anglaise, se servit aussi copieusement sur
le dos des " camarades espagnols ".
Pour s'en convaincre, il suffit de lire cette citation de l'un des héros de
l'armée républicaine espagnole, le fameux " Campesino " [in La vie et la
mort en URSS de Valentin Gonzalez (El Campesino), Plon, 1950] : " Quand je
reconquis la ville de Lerida, à la suite d'un coup de main audacieux, je
découvris dans un souterrain une grande quantité d'or et le meilleur poste
émetteur qu'il y eût, parait-il, en Catalogne. Je fis cadeau du poste à Luis
Companis, le sympathique et cordial président de la Généralité, qui vint en
personne me féliciter. L'or fut transporté par le communiste Hungria sur
deux camions, avec ordre de le remettre à José Diaz et à la " Pasionaria ".
J'ai su plus tard par José Diaz qu'il avait été transporté en France et
remis à Maurice Thorez, secrétaire général du Parti. ".
Voici la preuve, si cela était vraiment nécessaire, de ce que ces dirigeants
voyous du PCF - que je ne confonds pas avec les militants qui y ont cru -
étaient capables de faire.
Par la suite, de temps à autre, revenaient en surface les mystères de l'or
de la République espagnole... et du trésor du PCF...
Après la Libération, à plusieurs reprises, il sera trouvé... par-ci,
par-là... des traces de cet or maudit dans les caches du Parti. Le 31 mars
1947... ce sera le branle-bas de combat au PCF... Les camarades sont
paniqués... Plusieurs journaux titrent :
" Le mystère du chateau au trésor "...
" Une mystérieuse affaire de trésor "...
C'est qu'un véritable pactole vient d'être déterré dans le jardin d'une
maison de Villebon-sur-Yvette. Il apparaîtra bien vite que cette bâtisse, la
" Villa l'Oasis "... appartenant au PC, fut durant la guerre une des
" planques " du sieur Duclos...
Le montant du " TRESOR " faisait les choux gras des reporters de toute la
presse nationale : 50 kg d'or en lingots, des sacs de pièces anglaises et
américaines... des bijoux venant certainement de pillages.
La police fit semblant de s'intéresser à l'affaire... Elle avança quelques
noms... Elle trouva même un ou deux assassinats crapuleux qui pouvaient être
reliés à cette découverte... Mais les communistes étaient encore au
pouvoir... Il n'y avait donc pas de criminels ni de tueurs. Tous les hommes
qui pouvaient être impliqués étaient des " héros ", des " résistants ", des
" patriotes "... Circulez, il n'y a rien à voir !
Du côté des nationalistes, les choses sont beaucoup plus - si l'on peut
dire - logiques.
Franco est un militaire. Il fut l'un des plus jeunes généraux d'Europe... Il
n'est en rien fasciste et a toujours été respectueux de la République, même
si, parfois, selon les dirigeants du moment, elle prend des aspects
carrément antichrétiens.
Il a vu passer en cinq ans... 28 gouvernements, tous de plus en plus
laxistes et " révolutionnaires ". La franc-maçonnerie a fait main basse sur
l'armée. En tant que soldat, la chose qu'il ne peut admettre c'est la
destruction de l'Espagne par les menées séparatistes de plus en plus
hystériques... de plus en plus violentes.
Ces constatations, en revanche, l'amenèrent peu à peu à détester les
politiciens.
Quand il franchit le pas et devint donc un rebelle... les choses n'étaient
pas si simples que veulent bien le dire certains " spécialistes ", qui ne
sont en fait... spécialistes de rien !
Dès le début de la guerre, si certaines régions tombent, le reste du pays
reste aux mains de la " République ". Madrid, Barcelone et Valence
notamment, grâce aux milices ouvrières très vite mobilisées. Au bout d'une
semaine, le pays est coupé en deux zones à peu près égales : d'un côté les
nationalistes, de l'autre les républicains qui conservent les régions les
plus riches et industrielles.
Les forces en présence sont beaucoup plus équilibrées que n'en donne l'image
véhiculée du républicain armé de sa seule fourche, face aux nationalistes
lourdement armés par l'Allemagne. Il semble qu'au début de 1937, chaque camp
dispose d'environ 500 000 hommes. Côté nationaliste, c'est une armée plutôt
médiocre qui est alignée, que ce soit par son matériel hors d'âge ou par des
tactiques d'un autre temps. La livraison des armes allemandes ou italiennes
a permis un certain progrès. Les républicains sont quant à eux équipés
d'armes soviétiques et françaises, également de bonne qualité.
Pour les deux camps, la complication vient du fait que cette guerre se
déroule sur plusieurs fronts à la fois. Chez les républicains cela tourne
souvent à l'anarchie, car il s'agit bien... d'une armée populaire... mais la
discipline est relâchée, il n'y a pas de commandement centralisé, tout du
moins au début, et les finances et l'armement sont répartis selon des
critères politiques et régionaux qui ne facilitent pas la cohésion... chacun
tirant à lui le maximum... pour lui !
L'exemple le plus frappant est celui de l'armée basque républicaine
abandonnée par le pouvoir " républicain "...
Le 31 mars 1937, appuyées par l'aviation allemande et des troupes
italiennes, les forces du général Mola passent à l'offensive. Ce jour-là, la
ville de Durango subit un bombardement intensif qui provoque des dizaines de
morts. L'armée basque sous-équipée commence à reculer. La supériorité des
franquistes s'impose dans les airs. Le faible nombre d'avions dont dispose
l'armée basque rend celle-ci particulièrement vulnérable et commence à créer
un sentiment d'impuissance. Isolées du reste de l'Espagne républicaine, les
autorités basques ne cessent de réclamer au gouvernement de Madrid l'envoi
d'escadrilles afin d'appuyer les troupes au sol. Les avions tardent à venir,
et finalement ne viendront pas... Aguirre et de nombreux nationalistes
basques se sentent abandonnés par la République. Ils se rendent parfaitement
compte qu'il est impossible d'inverser le cours de la guerre sans appui de
l'aviation. Le 23 avril 1937, la situation s'aggrave. Une partie des lignes
de défense basques s'écroulent et les troupes du général Mola se rapprochent
de Guernica.
Dans ses récits de guerre, dénonçant les staliniens, George Orwell écrira à
plusieurs reprises qu'au moment des plus rudes combats, quand certaines
unités, mal vues par les marxistes, montaient à l'assaut, les chefs
Républicains qui voulaient les voir " étrillées " suspendaient les appuis
d'artillerie.
Mais surtout Franco ne gaspilla jamais les deniers du camp nationaliste. Il
sut, mieux que ses adversaires, utiliser le matériel moderne fourni par ses
alliés et reformer ses unités.
Dès le début, il ne laissa pas s'installer dans son camp des alliés
indisciplinés militairement, mais prit sous son commandement effectif les
carlistes et les phalangistes dont il exigea que les chefs au combat aient
une formation militaire rigide.
Pour gouverner, il s'appuiera, à tour de rôle, sur quatre forces : l'armée,
la Phalange, les carlistes et l'Eglise. C'est de cette dernière que lui
viendront les plus cruelles déceptions. Et l'on verra notamment les jésuites
espagnols, jusqu'alors fidèles défenseurs du franquisme, virer résolument à
gauche.
Pour vaincre militairement, il fallait ce qu'il appellera une "
arrière-garde
vibrante ". La Phalange et les Requetes répondront à cet appel
en s'unifiant sous le nom de Falange Española Tradicionalista de las Juntas
de Ofensiva Nacional-Sindicalista (FET de la JONS).
En 1938, les Rouges se font massacrer sur l'Ebre où ils laissent 8 000
hommes et la quasi-totalité de leur aviation. Juste avant Noël, les
nationalistes lancent l' " offensive finale ". Barcelone tombe. Et Madrid,
enfin, le 29 mars 1939. Le 1er avril, le général Franco annonce : " L'armée
rouge étant désarmée et prisonnière, les forces nationales ont atteint leur
dernier objectif. La guerre est terminée ".
Contrairement à la légende qui a toujours voulu le présenter comme un être
obtus, Franco sut tirer les leçon de certains échecs et de certaines
erreurs.
Il refusa toujours que ses alliés se mêlent des affaires de l'Espagne et
privé de la réserve d'or... partie en URSS... il réussit le tour de force de
maintenir la " peseta nationaliste " à un cours respectable, ce qui permit
de passer des marchés internationaux alors que la " peseta républicaine "
s'effondra lamentablement.
Ayant réussi à stabiliser sa monnaie grâce, entre autres, au fait qu'il
avait exigé que les exportations continuent, il resta le seul maître à bord,
et obtint les crédits nécessaires pour payer l'armement qui lui était
fourni.
Il finit par devoir plus de 200 millions de dollars à l'Allemagne et près de
300 millions à l'Italie.
Dettes qui furent payées !
Je le répète encore, comme toute guerre civile celle d'Espagne fut
horrible... mais, enfin... en 2008, il serait temps d'écrire la vérité. Elle
était programmée par les partis de gauche espagnols qui, de toute façon, se
seraient battus entre eux si les nationalistes n'étaient intervenus.
Il faut convenir que pour des idéaux fumeux et des querelles internes,
l'addition était lourde... : 90 000 tués au combat dans le camp
nationaliste, 110 000 dans le camp républicain, un million d'estropiés,
10 000 personnes étaient mortes sous les raids aériens, 25 000 de
malnutrition, 130 000 avaient été exécutés derrière les lignes, et 500 000
s'étaient exilés, dont la moitié ne devait jamais revenir.
Et tout cela - toutes les archives le prouvent - alors qu'il n'y avait aucun
danger fasciste en Espagne à ce moment-là. Même lorsque le Caudillo fut au
pouvoir, cette espèce de folklore fascisant dans tel ou tel aspect du régime
ne faisait que copier la mode de l'époque, que ce soit à Berlin, à Rome,
dans les autres états d'Europe... et même en France où les Jeunesses
socialistes, communistes, et Croix-de-Feu, portaient chemises, foulards,
bannières et insignes.
Il en était de même pour les Jeunesses juives du Bétar à Berlin, qui
demandèrent à Himmler l'autorisation et l'honneur de porter la chemise
brune...
Il fut de bon ton aussi, à une époque, pour les éternels justiciers, de
prétendre que Franco était... antisémite... ce qui serait un comble quand on
sait que le Caudillo fit parvenir - par le biais de ses ambassades -,
surtout dans les Balkans, plus de 40 000 passeports à des juifs sépharades
menacés de déportation...
De plus, alors qu'il ne pouvait tout de même pas le faire ouvertement, il
permit le passage de très nombreux Français et étrangers voulant rejoindre
l'Afrique du Nord ou l'Amérique. Il n'empêcha jamais de fonctionner les
filières d'évasion des aviateurs alliés.
À la fin de la guerre de 1945, les mêmes " bonnes âmes " qui ne rêvent que
de condamnations et d'épuration... firent campagne pour que le " dictateur
espagnol " fût rangé au côté de Mussolini et d'Hitler dans la catégorie des
" abjects ".
Pourtant la neutralité de l'Espagne pendant tout le conflit fut plus
favorable aux Alliés qu'aux puissances de l'Axe (les Américains n'ont pas
déclaré la guerre à l'Allemagne avant d'être eux-mêmes attaqués, en 1942,
alors que son allié traditionnel la France était occupée depuis deux
ans...).
Il faudrait ne pas toujours chambouler l'Histoire et se souvenir que dès la
fin de la campagne de France, en 1940, Hitler se rendit à Hendaye pour le
rencontrer... et il lui demanda de se ranger à ses côtés, comme lui l'avait
fait en 1936. Franco demanda à réfléchir et exigea, en échange de la
collaboration effective de son armée, de telles compensations territoriales,
ne serait-ce qu'en Afrique du Nord, que Hitler, bluffé, ne donna jamais de
réponse...
Mais pour les anti-" dictateur espagnol ", ce ne fut pas une preuve
d'intelligence... ce que l'on aurait dit de n'importe quel autre chef
d'Etat.
Par contre, ce que ne disent jamais les mêmes, toujours les mêmes... c'est
que si l'inverse s'était produit, si les " Républicains pur beurre " avaient
remporté la victoire... au moment de l'entente Adolf-Josef... ils auraient
ouvert la frontière aux divisions Panzer et celles-ci auraient pu foncer sur
Gibraltar... et de là... sans peine... débarquer au Maroc.
Voilà, Messieurs, l'exacte vérité que personne ne proclame... car BIG
BROTHER... est au pouvoir !
En revanche, les nationalistes et Franco perdirent la guerre de la
propagande car ils avaient à faire à des maîtres formés à l'école du KGB et
qui trouvèrent bien vite les " pigeons " et les " idiots utiles "... surtout
après Guernica...
Il fut bien vite dit... que tous les intellectuels étaient du côté des
" Républicains ", car un intellectuel patenté ne pouvait être que dans ce
camp là... du côté du peuple !
Les " gens-de-lettre " furent de tous les " raouts ", les " sauteries ", les
congrès... pour la Paix, contre le " Fâchisme ". À Madrid, au frais du
" populo "... qui crevait de faim, toute la Nomenklatura exotique se
goinfrait...
Trimbalés en voiture de luxe, ils étaient là... pour voir la guerre... et
faire le roman du siècle... tout comme Malraux qui rentra de Chine en 1932
avec ses notes, pour écrire La condition humaine, roman où il écrit, bien
sûr, ce qu'il a vu là-bas... déjà... dans le camp communiste... face aux
nationalistes... ces affreux, ces sans âme... qui brûlaient les patriotes
marxistes dans les chaudières des locomotives, détail dont il reconnaîtra -
quand même - un jour... qu'il l'avait ajouté pour étoffer l'image de la
contre-révolution.
C'est d'ailleurs le même Malraux qui arriva un jour, venant de France, avec
une escadrille de bombardiers lents Potez qui ne firent pas beaucoup de mal
aux nationalistes car, tout comme Malraux, ses amis venus comme aviateurs
" républicains "... ne savaient pas piloter.
Mais ne serait-ce pas que bassesse et mesquinerie que... de relever de tels
détails... Cela ne peut venir que d'un ennemi du peuple... un " FACHISTE ".
Et pourtant la quasi-totalité de la propagande communiste ne couvre que des
" bobards " de cette espèce.