Discussion:
Venezuela : la « guerre économique » pour les Nuls (et les journalistes) – Partie 3
(trop ancien pour répondre)
ici içi-git
2017-08-16 15:53:15 UTC
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Des dirigeants de l’opposition aux prélats (bien nourris !) de la
Conférence épiscopale vénézuélienne en passant par le secrétaire
général de l’Organisation des Etats américains (OEA), le grand ami de
Washington Luis Almagro, monte un même cri : il faut d’urgence ouvrir
un « canal humanitaire » pour permettre l’approvisionnement du pays en
matériel et en produits médicaux. D’après Freddy Ceballos, président de
la Fédération pharmaceutique du Venezuela, la dette de l’Etat envers le
secteur serait colossale : plus de 5 milliards de dollars. En
conséquence, les stocks de médicaments disponibles ne correspondent
qu’à 15 % des besoins.

En mai 2012, sous Chávez, les mêmes acteurs dénonçaient déjà une coupe
de 42 % des devises dans le secteur de la santé ; en 2013, ils
annonçaient un niveau de pénurie de 40 % ; en 2014 de 60 %, en 2015 de
70 %. Ce à quoi, après examen des chiffres et statistiques, Pasqualina
Curcio répond : « Ils ne correspondent pas au niveau d’importations
enregistrés (…) et encore moins aux rapports financiers annuels des
grandes corporations transnationales responsables de l’importation de
ces produits. »

Ces « grandes corporations » reçoivent des devises à taux préférentiel,
achètent les produits à l’extérieur et les vendent en bolivars tant au
Système public national de santé (SPNS) qu’aux établissements privés.
Alors que, de 2003 à 2014, l’importation de produits pharmaceutiques a
connu en dollars une augmentation de 463 %, Henry Ventura, ex-ministre
de la santé et actuel directeur de l’Ecole de médecine Salvador
Allende, chiffres lui aussi en main, signalait en janvier dernier : «
En 2004, les laboratoires ont reçu 608 millions de dollars sans qu’on
note de pénuries. » En revanche, plus rien ne va lorsqu’ils obtiennent
« un total de 3,2 milliards de dollars en 2013 et 2,4 milliards de
dollars en 2014 [1] ». Raison pour laquelle, un an auparavant, alors
député, il avait déjà exhorté la Procureure de la République Luisa
Ortega à enquêter, « vu qu’on ne trouve plus de médicaments nulle part
». Semblerait-il sans grand résultat.

« Aucune des grandes corporations pharmaceutiques responsables de
l’importation de 50 % des produits pharmaceutiques au Venezuela n’a
enregistré des pertes, une diminution des bénéfices ou une chute des
ventes durant 2015, note Curcio ; pas plus qu’en 2012, 2013 et 2014. »
Des propos difficilement contestables car confirmés dans son ouvrage
par la reproduction des rapports financiers des firmes en question –
Abbott Laboratories C.A., Productos Roche, Novartis de Venezuela S.A.,
Bayer S.A., Pfizer Venezuela S.A., Sanofi-Aventis de Venezuela S.A.,
Merck S.A., etc [2].

Le 2 septembre 1973, neuf jours avant le coup d’Etat de Pinochet, les
Chiliens pouvaient lire dans le quotidien Clarín : « “Grâce au travail
volontaire, les samedis et dimanches, puis au travail de nuit, nous
augmenterons la production du sérum dont notre pays a besoin”,
affirment unanimement les 45 travailleurs du Laboratoire Sanderson,
unique producteur de ce médicament vital au Chili », tandis que leur
syndicat, se référant à la pénurie artificiellement créée par ce
monopole, ajoutait : « Nous affirmons devant l’opinion publique que
notre mouvement légitime (…) a pour objet la défense du pouvoir
exécutif lorsqu’il entend réquisitionner les entreprises qui boycottent
la production et qui sont vitales et stratégiques pour le pays [3]. »

Comparaison n’est pas raison ? En juin 2017, au Venezuela, les
représentants de la Fédération des travailleurs de l’industrie chimique
pharmaceutique (Fetrameco) accusaient les laboratoires Calox, Leti,
Vargas, Behrens et Cofasa de diminuer leur production de médicaments
prioritaires pour la population. De son côté, Richard Briceño, du
syndicat des laboratoires Calox, dénonçait : « Ils utilisent la matière
première pour fabriquer des produits vétérinaires et abandonnent
l’élaboration des médicaments essentiels [4]. »

Au mois de février précédent, après une enquête des services de
renseignements, plus de six tonnes de médicaments et de matériel
chirurgical avaient été saisies dans deux habitations de Maracaibo
(Etat de Zulia). Importés grâce aux dollars préférentiels, ils étaient
destinés à partir en contrebande, comme le font d’énormes quantités
détournées vers la Colombie.

Rien de plus démoralisant pour quiconque que d’être privé de ce qui
rend la vie agréable – savon, déodorant, shampoing, dentifrice ou crème
à raser. Quatre grandes entreprises contrôlent le marché des produits
d’hygiène au Venezuela : Procter & Gamble, Colgate, Kimberly Clark et
Johnson & Johnson. D’après leurs rapports financiers annuels, y compris
ceux de 2105, aucune n’a enregistré de pertes ni de diminution des
ventes. Entre 2004 et 2011, le firme Johnson & Johnson a reçu du
gouvernement environ 2,8 millions de dollars par mois ; en 2014, elle
en empoche 11,6 millions pour une même période, quatre fois plus que ce
qu’elle recevait habituellement : tous ses produits manquent sur les
lieux habituels d’écoulement.

En 2014 encore, Procter & Gamble s’est vu octroyer au taux préférentiel
58,7 millions de dollars, 5,3 fois plus que ce qu’elle recevait entre
2004 et 2011 (11 millions de dollars). S’ils mentionnent les
difficultés et incertitudes dues aux taux de change évolutifs (et
parfois erratiques), ses rapports annuels n’enregistrent ni diminution
des ventes ni pertes opérationnelles au Venezuela [5]. En juillet 2015,
en plein marasme affectant les consommateurs, la firme publie ce
communiqué : « Ces dernières années, la compagnie a fait dans le pays
d’importants investissements destinés à augmenter la capacité locale de
production et à offrir des innovations dans nos produits. Il en résulte
que notre capacité locale de production a augmenté de plus de 50 % et
que nous jouissons aujourd’hui d’une absolue préférence des
consommateurs vénézuéliens, qui ont fait de nos marques les leaders
dans les catégories où elles sont en compétition [6]. »

En ce qui concerne le papier hygiénique, on offrira ici un sujet
d’enquête aux journalistes que ce sujet fascine et qui ont du mal à se
renouveler : en 2014, l’entreprise responsable de son importation et de
sa distribution, Kimberley Clark de Venezuela, a reçu 958 % de devises
de plus que celles qui lui ont été assignées entre 2004 et 2011. On
pourrait même suggérer un titre : « Qui a piqué les rouleaux ? » Voire
une autre investigation : comment se fait-il que dans tous les
restaurants, de la plus modeste « cantina » à l’établissement le plus
luxueux en passant par les innombrables « fast food », on trouve sur
toutes les tables, à profusion, des serviettes en papier ?

Suite:
https://venezuelainfos.wordpress.com/2017/08/13/venezuela-la-guerre-economique-pour-les-nuls-et-les-journalistes-partie-3/
--
http://tinyurl.com/ycpv49n7
http://tinyurl.com/y9vzddrw
Duzz'
2017-08-16 15:59:20 UTC
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Post by ici içi-git
En ce qui concerne le papier hygiénique
Encore un symbole du mondialisme judéo-bouddhiste.

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