Discussion:
FRANK CARLUCCI (CIA-CARLYLE GROUP), LE PARRAIN DE JOSE MANUEL BARROSO
(trop ancien pour répondre)
dommages collatéraux
2006-06-05 14:08:11 UTC
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Le parcours édifiant du président de la Commission Européenne, le
"Porto-Ricain" Barroso, et l'explication de son atlantisme rabique...


Franck Carlucci (Carlyle Group) et José Manuel Barroso


Le maoïsme peut mener à tout.

On le savait déjà, mais le portrait de José Manuel Barroso, le
nouveau président de la Commission européenne, que nous propose ce
soir Thierry Vincent dans « 90 Minutes », nous en livre une
éclatante démonstration.

L'ancien Premier ministre portugais, flamboyant soutien du
président George W. Bush lors de la dernière guerre en Irak, a en
effet entamé sa carrière politique au moment où la révolution des
œillets mettait fin à la brutale dictature qui sévissait au Portugal
depuis près de cinquante ans. Alors âgé de 18 ans, étudiant en
droit, le jeune homme est bouleversé par ce qui se passe dans son
pays. « Le 25 avril 1974 a été le jour le plus impressionnant de ma
vie. J'ai pris conscience que la politique, ce n'était pas que de
la gestion, du management, mais quelque chose de vital. » Le jeune
Manuel Barroso choisit alors de militer dans un groupe maoïste, le
Mouvement pour la Réorganisation du Parti du Prolétariat (MRPP), dont
il devient vite le leader. Pourquoi un tel choix ? « Il y avait deux
partis d'extrême gauche, explique-t-il, j'ai choisi les
pro-Chinois parce qu'ils luttaient contre les communistes. »

Orateur charismatique, organisateur de talent, Manuel Barroso tient
des discours enflammés sur la bancs de la fac, lance des nouveaux
cours sur l'histoire du marxisme-léninisme, et entreprend même de
déménager le mobilier de la faculté pour meubler le siège du MRPP,
à la grande surprise de ses camarades qui lui feront rendre ses «
prises de guerre ». Pendant les deux ans qui suivent la révolution
des œillets, le Portugal vit une période d'affrontements, liés à
la puissance du Parti communiste portugais dont certains craignent la
prise de pouvoir et l'instauration d'un régime pro-soviétique. Au
nombre de ceux qui s'inquiètent d'une telle issue figurent
notamment les Etats-Unis, soucieux de ne pas voir un de leurs alliés
traditionnels basculer dans le camp de l'ennemi. Washington dépêche
donc à Lisbonne un nouvel ambassadeur, et pas n'importe lequel.
Frank Carlucci n'est pas un diplomate ordinaire. Agent de la CIA,
c'est un spécialiste de la lutte anti-communiste. Sa mission est,
bien entendu, de ramener le Portugal dans le droit chemin,
c'est-à-dire celui des Etats-Unis.

Le 25 novembre 1975, une coalition hétéroclite allant des
socialistes à l'extrême droite chasse les militaires de gauche du
pouvoir, et le MRPP de Barroso lui apporte son soutien. Comment le
président de la Commission européenne explique-t-il aujourd'hui son
brutal passage du radicalisme maoïste au centre-droit ? « C'était
comme si je me réveillais, d'un rêve ou d'un cauchemar. Je
revenais dans mon cercle naturel, celui de la petite bourgeoisie,
favorable aux réformes, pas à la révolution. » « Il était surtout
anticommuniste, remarque aujourd'hui l'un de ses anciens compagnons
du MRPP. Il ne venait pas de la résistance. » D'autres pensent que
Franck Carlucci n'est peut-être pas totalement étranger à la
soudaine « conversion » de Barroso, qui adhère bientôt au PSD
(Parti social démocrate). Otelo de Carvalho, l'illustre dirigeant
révolutionnaire, est totalement convaincu que « l'ambassadeur » a
manipulé le MRPP. Pour l'ancien professeur de Barroso à la fac de
droit, membre lui aussi du PSD, l'adhésion du jeune gauchiste à ce
parti de centre-droit ne relève que du pur pragmatisme. « Il voulait
faire de la politique, conquérir le pouvoir. Il s'est demandé où
ce serait le plus efficace. Ce n'était pas avec les socialistes, ni
avec les communistes, c'était donc avec le PSD. » Parti étudier la
géopolitique en Suisse, Manuel Barroso va s'y faire de nombreux
amis, surtout américains. En 1985, le PSD gagne les élections et le
jeune homme devient secrétaire d'Etat, à 29 ans. Ministre à 36
ans, il réussira à mettre fin au conflit angolais en organisant une
médiation entre les marxistes au pouvoir et les guérilleros de
l'Unita soutenus par les Américains. Lorsque son parti perd les
élections en 1995, Barroso, tout en travaillant dans une grande banque
privée portugaise, part étudier... aux Etats-Unis.

Lorsque la droite conquiert à nouveau le pouvoir en 2002, il devient
Premier ministre. C'est là qu'il s'engagera sans réserve
auprès de George Bush pour la campagne irakienne. Il tentera aussi, et
l'on ne peut s'empêcher d'y voir une manière de régler
quelques dettes, d'organiser la privatisation de la société
nationale de pétrole portugaise au profit d'un fonds
d'investissement américain : Carlyle. Coïncidence, ce fonds a été
créé par Frank Carlucci et l'on trouve, parmi les actionnaires,
l'ex-président Bush et quelques anciens de la CIA dont, entre-temps,
Carlucci a été le directeur adjoint. Barroso balaie d'un revers de
main les accusations proférées à propos de cette opération. «
Elles ont été lancées par des gens sans crédibilité, notamment un
député post-trotskyste. » La remarque est amusante venant d'un
président « post-maoïste », mais ces critiques, pourtant non
crédibles, l'empêcheront de mener à bien cette étrange
opération. José Manuel Barroso préside désormais la Commission
européenne. Et il n'a pas varié sur ses convictions atlantistes. «
Le monde serait bien mieux si l'Europe et les Etats-Unis
travaillaient ensemble. » Frank Carlucci peut être content. Il a
visiblement fait du bon travail. Le réalisateur du film aussi.

Jacques Guérin


[ publié par jeromet le 2005-05-12 20:13:21 ]
crusader
2006-06-05 14:44:36 UTC
Permalink
Quel charisme ce Carlucci, on dirait un acteur du film "The Godfather"
:-))


t
Post by dommages collatéraux
Le parcours édifiant du président de la Commission Européenne, le
"Porto-Ricain" Barroso, et l'explication de son atlantisme rabique...
Franck Carlucci (Carlyle Group) et José Manuel Barroso
Le maoïsme peut mener à tout.
On le savait déjà, mais le portrait de José Manuel Barroso, le
nouveau président de la Commission européenne, que nous propose ce
soir Thierry Vincent dans « 90 Minutes », nous en livre une
éclatante démonstration.
L'ancien Premier ministre portugais, flamboyant soutien du
président George W. Bush lors de la dernière guerre en Irak, a en
effet entamé sa carrière politique au moment où la révolution des
œillets mettait fin à la brutale dictature qui sévissait au Portugal
depuis près de cinquante ans. Alors âgé de 18 ans, étudiant en
droit, le jeune homme est bouleversé par ce qui se passe dans son
pays. « Le 25 avril 1974 a été le jour le plus impressionnant de ma
vie. J'ai pris conscience que la politique, ce n'était pas que de
la gestion, du management, mais quelque chose de vital. » Le jeune
Manuel Barroso choisit alors de militer dans un groupe maoïste, le
Mouvement pour la Réorganisation du Parti du Prolétariat (MRPP), dont
il devient vite le leader. Pourquoi un tel choix ? « Il y avait deux
partis d'extrême gauche, explique-t-il, j'ai choisi les
pro-Chinois parce qu'ils luttaient contre les communistes. »
Orateur charismatique, organisateur de talent, Manuel Barroso tient
des discours enflammés sur la bancs de la fac, lance des nouveaux
cours sur l'histoire du marxisme-léninisme, et entreprend même de
déménager le mobilier de la faculté pour meubler le siège du MRPP,
à la grande surprise de ses camarades qui lui feront rendre ses «
prises de guerre ». Pendant les deux ans qui suivent la révolution
des œillets, le Portugal vit une période d'affrontements, liés à
la puissance du Parti communiste portugais dont certains craignent la
prise de pouvoir et l'instauration d'un régime pro-soviétique. Au
nombre de ceux qui s'inquiètent d'une telle issue figurent
notamment les Etats-Unis, soucieux de ne pas voir un de leurs alliés
traditionnels basculer dans le camp de l'ennemi. Washington dépêche
donc à Lisbonne un nouvel ambassadeur, et pas n'importe lequel.
Frank Carlucci n'est pas un diplomate ordinaire. Agent de la CIA,
c'est un spécialiste de la lutte anti-communiste. Sa mission est,
bien entendu, de ramener le Portugal dans le droit chemin,
c'est-à-dire celui des Etats-Unis.
Le 25 novembre 1975, une coalition hétéroclite allant des
socialistes à l'extrême droite chasse les militaires de gauche du
pouvoir, et le MRPP de Barroso lui apporte son soutien. Comment le
président de la Commission européenne explique-t-il aujourd'hui son
brutal passage du radicalisme maoïste au centre-droit ? « C'était
comme si je me réveillais, d'un rêve ou d'un cauchemar. Je
revenais dans mon cercle naturel, celui de la petite bourgeoisie,
favorable aux réformes, pas à la révolution. » « Il était surtout
anticommuniste, remarque aujourd'hui l'un de ses anciens compagnons
du MRPP. Il ne venait pas de la résistance. » D'autres pensent que
Franck Carlucci n'est peut-être pas totalement étranger à la
soudaine « conversion » de Barroso, qui adhère bientôt au PSD
(Parti social démocrate). Otelo de Carvalho, l'illustre dirigeant
révolutionnaire, est totalement convaincu que « l'ambassadeur » a
manipulé le MRPP. Pour l'ancien professeur de Barroso à la fac de
droit, membre lui aussi du PSD, l'adhésion du jeune gauchiste à ce
parti de centre-droit ne relève que du pur pragmatisme. « Il voulait
faire de la politique, conquérir le pouvoir. Il s'est demandé où
ce serait le plus efficace. Ce n'était pas avec les socialistes, ni
avec les communistes, c'était donc avec le PSD. » Parti étudier la
géopolitique en Suisse, Manuel Barroso va s'y faire de nombreux
amis, surtout américains. En 1985, le PSD gagne les élections et le
jeune homme devient secrétaire d'Etat, à 29 ans. Ministre à 36
ans, il réussira à mettre fin au conflit angolais en organisant une
médiation entre les marxistes au pouvoir et les guérilleros de
l'Unita soutenus par les Américains. Lorsque son parti perd les
élections en 1995, Barroso, tout en travaillant dans une grande banque
privée portugaise, part étudier... aux Etats-Unis.
Lorsque la droite conquiert à nouveau le pouvoir en 2002, il devient
Premier ministre. C'est là qu'il s'engagera sans réserve
auprès de George Bush pour la campagne irakienne. Il tentera aussi, et
l'on ne peut s'empêcher d'y voir une manière de régler
quelques dettes, d'organiser la privatisation de la société
nationale de pétrole portugaise au profit d'un fonds
d'investissement américain : Carlyle. Coïncidence, ce fonds a été
créé par Frank Carlucci et l'on trouve, parmi les actionnaires,
l'ex-président Bush et quelques anciens de la CIA dont, entre-temps,
Carlucci a été le directeur adjoint. Barroso balaie d'un revers de
main les accusations proférées à propos de cette opération. «
Elles ont été lancées par des gens sans crédibilité, notamment un
député post-trotskyste. » La remarque est amusante venant d'un
président « post-maoïste », mais ces critiques, pourtant non
crédibles, l'empêcheront de mener à bien cette étrange
opération. José Manuel Barroso préside désormais la Commission
européenne. Et il n'a pas varié sur ses convictions atlantistes. «
Le monde serait bien mieux si l'Europe et les Etats-Unis
travaillaient ensemble. » Frank Carlucci peut être content. Il a
visiblement fait du bon travail. Le réalisateur du film aussi.
Jacques Guérin
[ publié par jeromet le 2005-05-12 20:13:21 ]
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